Pilote est un magazine de BD publié de 1959 à 1989. La Révolution Pilote raconte les moments forts de cette période clé de la bande dessinée. Cet ouvrage passionne même s’il est destiné en premier lieu aux inconditionnels du neuvième art.
Une bande dessinée qui parle de bande dessinée, c’est le serpent qui se mord la queue : on peut craindre que l’histoire tourne en rond. Pourtant, les auteurs ont trouvé la bonne formule. Ils se sont mis en scène, en représentant leurs personnages partant à la rencontre de six légendes de la bande dessinée : Gotlib, Druillet, Fred, Bretécher, Giraud et Mandryka.
La période choisie par Éric Aeschimann correspond à l’apogée de la créativité de Pilote mais aussi au début de son déclin. L’intrigue tourne essentiellement autour de la fameuse « réunion de 1968 » pendant laquelle de nombreux auteurs ont pris à partie le corédacteur en chef du journal, René Goscinny, le scénariste d’Astérix.
Les témoignages recueillis sont drôles, surprenants et éclairants. Ils illustrent une page majeure de la BD qui est en train de se tourner définitivement : Giraud et Fred sont en effet décédés avant la sortie de l’album. Sans oublier Cabu, disparu tragiquement, qui avait également dessiné dans Pilote.
Le scénario met habilement en scène les six entretiens sans jamais ennuyer le lecteur. Malgré la portée historique de l’ouvrage, les auteurs ne se prennent pas au sérieux et de nombreux gags agrémentent l’histoire.
Le trait humoristique de Nicoby sert parfaitement l’intrigue. Il se met au service de l’histoire, épousant parfois avec humour le dessin des auteurs qu’il met en scène. Il faut dire que Nicoby avait déjà illustré des reportages historiques en bande dessinée en racontant la saga du journal Hara Kiri.
Cet album très réussi vise avant tout les afficionados de la bande dessinée mais peut ravir tout le monde.
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