Varto

Pour les 100 ans du génocide arménien, une BD revient sur ce grand massacre orchestré par les Turcs en 1915. Varto et Maryam, frère et sœur arméniens, sont emportés dans cette tragédie. Le trait est aussi épais que l’émotion. Le noir et blanc colle au drame qui se joue. Ou quand un roman graphique aide à comprendre l’histoire.

1915, conflit mondial. Le père d’Hassan, un Juste, lui confie Maryam et Varto, une sœur et son frère arménien, pour que son fils les accompagne en lieu sûr. La route est périlleuse et le jeune Varto ne parviendra pas à protéger sa sœur, qui sera violée pendant leur périple par des Turcs. On les accompagne au bout de ce chemin où ceux d’Hassan et Maryam se rencontreront.

C’est poignant et le récit prend d’autant plus aux tripes lorsque l’on sait qu’il a fallu cent ans pour que des auteurs arméniens osent enfin s’exprimer et parler du génocide. Mais aucune rancœur ni vengeance ne transpire du récit de Gorune Aprikian : au contraire, il se veut comme un premier pas dans la réconciliation.

Le coup de crayon, s’il est parfois hésitant ce qui est légitime puisque Varto est la première bande dessinée de Stéphane Torossian, joue sur l’épaisseur du trait, mais aussi sur l’intensité de nos sentiments à la lecture de ce périple troublant des trois personnages. Le noir et blanc est le bon choix, la couleur aurait été difficile à employer pour traiter cette thématique au plus proche.

Varto est une nouvelle excellente surprise des éditions Steinkis qui montrent à chaque nouvelle publication leur engagement social, historique et politique. Cette maison redonne tout son sens au mot éditeur : quelqu’un qui s’engage et prend des risques pour publier une œuvre. Steinkis frappe un grand coup à l’heure d’un génocide encore contesté par l’Etat turc. Les témoignages remettent la réalité à sa juste place.