Adapter le symbole de la lutte contre les injustices qu’est Jacquou le Croquant est louable. Mais si le scénario tient la route, le dessin tombe à l’eau. Le trait flou, brouillon, inachevé et des couleurs ternes ne permettent pas à cette nouveauté de se hisser au niveau du texte d’Eugène Le Roy. Reste le plaisir de redécouvrir l’histoire.
Jacquou, fils de misérables métayers, voit son père condamné aux travaux forcés pour avoir tenté de se rebeller et se libérer du joug de ses serfs. Sa mère ne lui transmettra pas la faculté de pardonner leurs bourreaux, mais va au contraire le nourrir de haine jusqu’à ce que Jacquou puisse devenir un vrai croquant et se venger en faisant souffler le vent de la révolte.
L’histoire originale de ce livre incontournable est très bien adaptée. Elle est idéalement découpée pour une adaptation en album : seuls les moments les plus cruciaux du livre ont été retenus pour permettre un découpage en BD sans dénaturer l’œuvre de base. Rien à dire de ce côté-là : le plaisir de lecture est intact.
Question dessin par contre, le bât blesse. En effet, cet album passe complètement à côté du graphisme médiéval et imaginaire qu’on était en droit d’attendre pour illustrer ce livre culte. Trop flou, trop bâclé et trop imprécis pour convaincre, la mise en image de Jacquou le Croquant est un flop. Dommage pour un album jeunesse qui aurait pu amener les enfants d'aujourd'hui à plonger dans cette histoire emblématique.
Quel dommage de s’attaquer à un monstre sacré de la littérature pour déboucher sur un résultat aussi décevant ! Jacquou Le Croquant méritait vraiment mieux et on pense alors à nombre de dessinateurs qui auraient pu accompagner de leur coup de crayon ce texte intemporel et universel en lui apportant un plus.