La chute de Troie nous est contée tant par les hommes qui font la guerre que par les dieux qui décident du vainqueur ! Comme souvent dans les tragédies grecques, ce sont les perdants qui condamnent les ceux qui les ont perdus. Un pari intéressant qui a cependant du mal à suivre le niveau d’un tel récit initial.
Ainsi Ulysse, bourreau de Troie, devra souffrir avant de retrouver sa patrie. Comme si ce n’était suffisant, son fils doit souffrir de la présence des prétendants de sa mère. Il part trouver une solution en suivant Mentès, un mystérieux voyageur qui dit connaître son père.
Thomas Gilbert dessine avec brio les combats mythiques de l’Iliade, la colère des héros et la souffrance de Troie mise à mort. Si les traits de l’architecture sont parfois hésitants, perdant le lecteur dans sa perception des volumes, le dessin des personnages, faussement hâtif, révèle des merveilles de finesse dans le rendu des mouvements et des expressions.
La seule lacune de taille dans cette Iliade, qui se transforme en Odyssée à la fin du tome, reste le scénario. Et c’est bien la grande tragédie de ce mythe ! Les différents protagonistes changent de comportement d’un bout à l’autre de la BD sans qu’on sache ce qui a rendu prudent le téméraire et idiot le sage… Ces faiblesses nuisent à la lecture et on termine la lecture déçu ne pas y trouver la qualité scénaristique qu’on attendait de l'adaptation de Roger Seiter. La faute peut-être à la réécriture du travail de Michel Honaker, lui-même réécrivant Homère ?
On est donc déçu mais le trait de Thomas Gilbert laisse tout de même au lecteur l’envie de lire la suite.