Le journaliste Benoît Collombat et l'auteur Etienne Davodeau ont enquêté sur les affaires qui ont pollué la Ve République. Ils creusent l'assassinat du juge Renaud et celui, très curieux, du ministre du Travail Robert Boulin, déguisé en suicide. Dans un récit aussi diablement efficace que le coup de crayon d'un spécialiste du genre. Un indispensable.
La Ve République n'a pas été un long fleuve tranquille. Elle a vécu des années de plomb, minées par des assassinats de juges et de politiques, et de multiples exactions du SAC, le service d'action civique. Un joli nom pour cette milice du parti gaulliste, derrière lequel se cachent les pires actes. Assassinat du juge Renaud, méfaits du fameux gang des Lyonnais, mort curieuse de Robert Boulin, ministre du Travail... Rien n'est laissé au hasard.
Le journaliste Benoît Collombat avait bien amorcé ce travail dans son livre Un homme à abattre, contre-enquête sur la mort de Robert Boulin. Pour répondre à un projet dont les deux premiers chapitres sont parus dans l'excellente Revue dessinée, il s'est offert les services graphiques d'Etienne Davodeau. Les deux enquêteurs ont plongé dans la France des années De Gaulle, Giscard d'Estaing et Chirac. Pour en faire ressurgir le pire.
Le trait de Davodeau fait figure de référence en la matière. Car s'il a le don de proposer des fictions bien ficelées, il sait aussi tirer le meilleur de l'investigation dans son noir et blanc à la fois réaliste et imaginatif.
Les expressions de ses personnages en disent parfois plus long que le texte. A travers les pires actes commis durant ce règne de la Françafrique et des affaires parmi les plus sordides que la France a connues, c'est bien dans le cher pays de leur enfance que les auteurs ont décidé de s'immiscer. Sans nostalgie, juste pour essayer de toucher la vérité. Touché, le lecteur l'est, à coup sûr.
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