Juger Pétain

Traiter en BD l'un des procès essentiels de l'histoire de France, celui du maréchal Pétain : l'idée était pourtant bonne. Mais il aurait fallu davantage focaliser le récit pour ne pas perdre le lecteur ni alourdir l'histoire. Un trait habile permet heureusement d'alléger un peu le récit mais ne suffit pas pour convaincre.

A l'issue de la Deuxième Guerre mondiale, c'est l'heure des comptes. Le procès du maréchal Pétain s'ouvre, avec son lot de fidèles et de détracteurs. A-t-il trahi la France ? A-t-il envoyé ses compatriotes à la mort pour défendre des intérêts très personnels ? C'est toute la visée de ce procès fleuve. Dont le Maréchal sortira prisonnier, mais son grand âge lui aura permis de sauver sa tête.

Ce n'est pas le roman graphique de l'année, loin s'en faut. Le récit de Juger Pétain, adaptation du film éponyme, est mené avec lourdeur. Bulles à rallonge, à la limite du lisible dans de nombreuses planches et découpage parfois hasardeux freinent la lecture d'un sujet ardu. Si le fil du procès est passionnant, il aurait fallu faire preuve de plus de choix pour permettre au lecteur d'en saisir toute la saveur. Raté.

Graphiquement, il n'y a rien à redire. Traiter l'histoire de différents points de vue en alternant le présent du procès et le passé des faits est bienvenu. Le noir et blanc associé aux dégradés de marron est le tempo de couleurs idéal pour aborder un sujet aussi sordide. Le coup de crayon allège même par moment la lourdeur du récit. Gagné.

Un récit fouillis, porté à bout de bras par un graphisme de choix et des angles de traitement originaux et emballants : c'est un sentiment mitigé qui vient à la lecture. Faire des choix pour mieux transporter le lecteur dans une période passionnante de l'histoire de France aurait permis de mieux l'approcher. Dommage.