Les Coups de coeur du 10 décembre
Deux coups de coeur pour deux BD marquantes. Retour sur le procès Colonna Traiter certains procès emblématiques en bande dessinée devient courant. Avec plus ou moins
10 décembre 2015
-Actualité
Éditeur : Glénat BD
Scénario : Dominique PaganelliDessin : Tignous
Collection : Hors Collection
Genres : Documentaire BD, Historique
Public : À partir de 12 ans
Prix : 19.50€
Scénario
4.0Dessin
5.0Du 12 novembre au 13 décembre 2007, la cour d’assises a jugé Yvan Colonna, l’assassin présumé du Préfet Érignac. Le 13 décembre, elle l’a déclaré coupable et l’a condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Durant quatre semaines, s’est déroulée, sous les yeux des auteurs, une comédie humaine tragique avec des protagonistes d’origines sociales, de cultures différentes, qui jouaient le plus souvent leur propre rôle et parfois celui d’un autre... On a exigé ici, entre deux sanglots, vérité, réparation et justice ; on a crié là, son innocence. Il y a eu des images, des voix, des regards qui se sont entrechoqués, il y a eu des larmes et même un fou rire général... Cet ouvrage ne relate pas les minutes ou l’intégralité du procès, mais la perception qu’en ont eue les auteurs.
L'ouvrage a reçu le Prix France Info de la BD politique et d'actualité en 2008.
Traiter certains procès emblématiques en bande dessinée devient courant. Avec plus ou moins de réussite. Sans vouloir faire de mauvais jeu de mot, cet album consacré au procès d'Yvan Colonna fait carton plein. Un texte concis sous forme de journal, accompagné par le dessin instinctif de Tignous, sont les clés de cette réussite.
Qui a assassiné le préfet Erignac, le 6 février 1998 en soirée, alors qu'il se rendait avec son épouse à un concert dans Ajaccio ? Yvan Colonna, le berger de Cargèse, est-il impliqué dans ce crime politique ? C'est la question à laquelle la cour d'assises spéciale a répondu oui, à l'issue d'un mois de procès fleuve, du 12 novembre au 13 décembre 2007. Réclusion criminelle à perpétuité.
C'est au même procès qu'ont assisté Paganelli et Tignous, un des dessinateurs de Charlie Hebdo. Ils en sont ressortis avec cette sélection de ce qu'ils ont considéré comme les meilleures journées d'audience. Le récit est bien senti, drôle et empli de tous les sentiments et émotions qui traversent les personnes présentes. La grande comédie de la justice est ici plus que jamais le théâtre la vie.
Le trait instinctif et inabouti est un outil de choix pour dessiner l'ambiance des grands procès. A l'image de la presse écrite, dans laquelle il était fréquent, même si cela n'arrive malheureusement désormais que trop rarement, que les comptes rendus d'audience soient illustrés par des dessins sur le vif de la cour, des avocats, de l'accusé... Chez Tignous, le mouvement est énorme, l'idée explose en pleine tête.
On ne saurait que trop recommander cette BD à tous ceux qui s'intéressent à la justice et aux grandes affaires criminelles. Ou simplement qui portent un œil attentif à l'actualité. Après le temps des faits, c'est celui du procès. Puis du verdict. La bande dessinée offre une vision mesurée, un prisme de choix : le recul.