Janvier 1996. François Mitterrand quitte ce monde pour un autre. La France perd un ancien président, un homme qui a marqué son histoire, quel que soit le camp politique qui le considère. Au fur et à mesure de sa vie, Mitterrand s'intéresse de plus en plus à la mort et à ses mystères jusqu’à l’ultime face-à-face avec elle. Un requiem sous forme de dialogue riche, très intéressant.
Noël 1995, François Mitterrand est à Assouan. Tout en admirant le paysage magnifique qui est sous ses yeux, il n’a qu’un seul sujet à la bouche : la mort. Elle est là, toute proche, et il le sait bien. Accompagné d’Anubis, le dieu égyptien peseur d’âme, qu’il va entamer son dernier voyage. Et cette traversée sera des plus passionnantes puisqu’elle reviendra sur les moments forts de sa vie.
Avec Mitterrand Requiem, pas de jugement de valeur de l’homme, qu’il soit politique ou privé. Grâce au personnage d’Anubis, Joël Callède place un Mitterrand âgé et affaibli devant le bilan de sa vie. Retour sur les actes, parts de lumière et d’ombre, pile face à l’ambivalence employée tout au long de sa carrière.
Bien entendu, certains moments forts, comme l’investiture présidentielle rappelle des temps forts de la vie politique française mais ceux-ci sont mis en balance par les figures qui viennent interroger ces choix, comme Jaurès ou Jean Moulin. Finalement ce récit interroge habilement chaque lecteur sur les décisions prises ou à prendre.
Le dessin simple, plutôt figé avec des décors absents dans la majeure partie de l’album, allège le propos : compte tenu du scénario essentiellement tourné vers la conversation, il pouvait difficilement en être autrement. Ce dépouillement s’imbrique donc parfaitement au tempo du récit.
Requiem pour un président mais pas uniquement, cet album permet de voyager dans les limbes pour mieux cerner un homme complexe.