Retour aux sources de la légende Disney avec Cosey, qui imagine avec Une mystérieuse mélodie, la première rencontre entre Mickey et Minnie, les éternels fiancés.
0n a oublié aujourd’hui l’incroyable déflagration qu’a provoquée la montée en puissance foudroyante des studios Disney dans les années 30. Une génération d’enfants a été subjuguée par ce qu’elle voyait sur grand écran, au point, pour certains, de vouloir en faire leur métier. Franquin et Uderzo en sont les exemples les plus frappants pour la bande dessinée. En réalisant aujourd’hui cet hommage à Mickey Mouse, Cosey montre que cette fascination a perduré. Les remerciements du dessinateur suisse en début d’album soulignent même précisément la période qui l’a marquée : celle de Walt Disney évidemment, de Ub Iwerks (créateur graphique de Mickey) et de Floyd Gottfredson (successeur de Iwerks et créateur graphique entre autres de Dingo et Pat Hibulaire).
C’est dans cette veine-là, avec la représentation d’un Mickey des premières années, que s’inscrit Cosey. Dans un monde peuplé de personnages disneyens, il l’imagine scénariste des aventures de Dog the Dog au cinéma, travaillant pour un Big Boss tout puissant. Dans une volontaire mise en abyme, il place le récit en juin 1927, soit presque un an avant la création de Mickey.
DE L’INGÉNUITÉ À LA FADEUR
C’est le côté ingénu des débuts du personnage qui intéresse ici le dessinateur suisse. Mickey a l’état d’esprit et l’expérience d’un préadolescent dans un corps de souris adulte. Le nœud de l’intrigue est d’ailleurs à chercher dans cette voie : lassé par les récits à l’éternel happy end de son scénariste, Big Boss exige du drame ! De l’amour ! Des larmes ! De l’infamie ! Des trahisons ! Mais le pauvre Mickey, qui n’a rien vécu de tout ça, est bien en peine de répondre à cette exigence. La fadeur que l’on peut reprocher à ce Mickey-là est ici parfaitement décrite. Trop, en définitive, car elle rejaillit sur l’album. On attend en effet en vain que la petite souris vire sa cuti et offre un visage plus mature. Finalement, c’est le maladroit Dingo qui tire mieux son épingle du jeu, malgré les (ou grâce aux) catastrophes qu’il provoque.
On retrouve également avec plaisir des personnages bien connus, d’Horace à Clarabelle, de Donald à Pat Hibulaire. On s’amuse à examiner les cases pour y trouver les nombreux clins d’oeil à l’oeuvre des studios Disney. On apprécie les astuces, comme le passage du nom de Dog the Dog à celui de Pluto. Mais globalement on reste sur sa faim, à la lecture d’un récit décousu et sans beaucoup de surprise. Comme si l’admiration de Cosey pour Disney l’avait empêché de prendre le recul nécessaire pour réaliser une parodie qui a du chien.
Article issu du ZOO Salon du Livre Paris - Mars 2016