Dans Les lilas de Kharkov, publié en 1990, Mylène Demongeot a rassemblé les souvenirs de sa mère avant qu’elle ne décède d’un cancer à l’âge de 82 ans. Née en 1904 à Kharkov en Ukraine, Klavdia Troubnikova et son destin avaient tout pour séduire l’auteure d’Olympe de Gouges et de Kiki de Montparnasse. Et la participation de Claire Bouilhac à ce travail à quatre mains s’avère plus que concluante.
Pour de nombreux lecteurs, le nom de Mylène Demongeot n’évoquera sans doute pas grand-chose car, même si la comédienne a renoué avec le cinéma après de longues périodes d’éclipses, ses rôles les plus marquants datent de la fin des années 50 au début des années 60. Elle était alors admirée comme une véritable star, et d’aucuns la considéraient comme la seule capable de rivaliser en beauté avec Brigitte Bardot.
Pour cette adaptation, Claire Bouilhac s’est attelée aux pas de Klavdia, de son enfance en Ukraine jusqu’à son mariage en France, tandis que Catel s’est attachée à la partie centrée sur la narratrice, Mylène, et à la genèse de son livre-hommage. C’est, évidemment, le portrait d’une femme, d’une battante qui a connu et subit maintes épreuves au cours de sa tumultueuse existence sans jamais capituler face à l’adversité. Adieu Kharkov s’inscrit ainsi dans l’œuvre de Catel avec une indéniable évidence.
Son trait jeté se marie bien avec le dessin sensiblement plus fignolé de Claire Bouilhac, chacun mis en valeur par deux coloristes distinctes. Cette collaboration n’est pas la première à leur actif : elles ont déjà cosigné trois albums de Top Linotte ainsi qu’un one-shot consacré à la résistante Rose Valland, la « monument woman » qui fit tant pour que l’on puisse récupérer les œuvres d’art spoliées par les nazis durant l’Occupation.
Une complicité de bon aloi pour cette très belle tranche de vie qui, malgré son importante pagination, se lit d’une traite.