Après avoir fantasmé Paris depuis l’Arche, une colonie outre-espace fondée jadis par les Terriens, Kârinh, chef de l’expédition spatiale, va enfin voir son rêve se réaliser. Avec ce second volet d’un diptyque d’emblée fort prometteur, François Schuiten et Benoît Peeters signent ensemble une de leurs plus belles histoires, de celles qu’on prend toujours plaisir à relire.
Si Revoir Paris ne s’inscrit pas dans la série des Cités obscures au même que Brüsel autrefois, la frontière s’avère bien mince entre les deux univers décalés. Certes, ce diptyque s’inscrit davantage dans le genre science-fiction, dans lequel Schuiten avait fait ses premières armes. L’histoire se déroule en 2156 de notre ère et Paris n’a guère changé, si ce n’est que la capitale est désormais abritée sous un immense dôme de verre.
L’occasion pour François Schuiten de traduire en de magnifiques images toute la fascination que notre capitale exerce sur lui. Rappelons qu’il a conçu le design de la station de métro Arts et Métiers, en parfaite lignée avec l’univers des Cités obscures. Quelle que soit la discipline dans laquelle il exerce, son œuvre s’affirme être d’une extrême cohérence.
Loin de se réduire à une promenade touristique futuriste, le scénario de Benoît Peeters ne cesse jamais d’être en prise directe avec les événements actuels les plus brûlants, une réflexion sur l’évolution de la société et le danger qui guette les grandes cités à devenir des musées où la vie risque de se figer au même titre que les édifices qui font leur renommée.
S’il a fallu attendre deux ans pour connaître le mot fin de cette histoire, notre (im)patience est aujourd’hui amplement récompensée : Revoir Paris, par son imaginaire et sa plastique fait montre de ce que la bande dessinée peut proposer de mieux.