À travers un témoignage sous forme de roman-photo dans trois villes sur les onze que dirige le FN en France, les auteurs libèrent la parole, violente, de la France d’en bas. Celle qui, avant, votait communiste et a choisi le repli identitaire. Un travail incroyable. Le poids des mots, le choc des photos. Ou l’inverse.
Bienvenue à Hénin-Beaumont, Beaucaire ou encore Hayange. Leur point commun ? Ces trois communes font partie des onze dirigées d’une main de fer par le Front national. Fête du cochon sous l’œil des néo-nazis, rejet de l’étranger, tout-sécuritaire, voile culturel sans profondeur, écran de fumée sociale. Au final, une politique de vent qui brasse de l’air mais séduit les couches les plus populaires. Effrayant.
Le photographe-documentariste et l’historienne spécialiste du FN délimitent avec une incroyable justesse l’électorat FN, cerne les dirigeants d’un parti antirépublicain, à la politique ancrée dans le racisme, la xénophobie et le lavage de cerveau. La force de ces témoignages, c’est aussi le parti-pris de rester fidèle aux propos des gens rencontrés. Et tant pis pour la langue de Molière torturée par les « sans-grades » de Jean-Marie, le bâtisseur d’horreur.
Encore un bon point : le roman-photo pour aborder un sujet de fond. Un sujet grave. Qui nous pend au nez à l’approche de mai. Désuet le roman-photo à la Hara Kiri ? Que nenni. Bien au contraire. Il s’avère être ici le genre le mieux adapté pour donner toute sa force au propos.
« Le poids des mots, le choc des photos », devise d’un célèbre hebdomadaire, s’applique à souhait à cet Ovni bédé-politico-social des Arènes. Avec une nuance : le choc réside ici autant dans les propos que les images. On n’a qu’une envie : dire bravo aux auteurs. Rester en résistance s’avère crucial. La menace rampe. Ce livre fait partie des armes de lutte.
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