Quatrième conte moderne paru chez Pika, L’homme de la mer séduit directement par sa tonalité douce-amère et sensible. Entre quête du sens de la vie et rejet du passé, ce manga est une ode à la liberté touchante et simple.
« Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets ! » Baudelaire
Anna vient de se faire licencier de son travail de vendeuse et sa relation amoureuse bat largement de l’aile. Désabusée et désœuvrée, elle traîne sur les bords de plage. Elle y rencontre Deok-Hyun, un « haenyo », pêcheur de coquillages, solitaire et taciturne au passé trouble. La jeune femme s’y accrochera alors comme une moule à son rocher.
Le scénario, captivant dès le départ, repose sur deux individus aux personnalités fortes. D’un côté, la jeune femme butée et perdue, apporte de la fraîcheur au récit. Elle permet, en outre, de dépeindre toute une génération coréenne en quête de sens. Sa rencontre improbable avec un haenyo d’une autre génération et dont la vie est déjà derrière lui, apporte toute la richesse au récit. Une amitié étrange se forme, noyée à moitié dans l’eau, à moitié dans l’alcool, où toute entraide permet de ne pas sombrer.
La ligne est claire, légère et douce comme le récit. Les couleurs encrées sont également très délicates. L’ensemble contribue à mettre en avant la fragilité de deux êtres face à la puissance d’une mer qui peut prendre une vie ou emporter une existence qui n’a pas toujours de sens ou qu’on ne comprend pas toujours bien ou à temps.
L’homme de la mer brille par sa sensibilité et sa poésie, ainsi que par son originalité et la force de son récit.