Des siècles après sa mort, Artemisia, première peintre reconnue par l’Académie, continue de déchaîner les passions. Son histoire a tour à tour inspiré un prix artistique, un film, des romans et aujourd’hui : une bande dessinée. Epaulée par le coup de crayon de Tamia Baudouin, Nathalie Ferlut dresse une première autobiographie BD réussie, pour une femme hors du commun...
Artemisia Gentileschi naît durant la Rome baroque, où la peinture est guidée par le pinceau du Caravage ou de son père, Orazio Gentileschi. Lorsqu’elle n’aide pas celui-ci à préparer ses fonds et ses couleurs, l’enfant, déjà intrépide, pique son matériel pour peindre en douce, sans se douter de sa destinée ni des embûches qui vont la jalonner. A une époque où une femme ne peut être maîtresse de sa vie et encore moins de ses œuvres, Artemisia va devoir faire preuve de férocité pour accéder à la gloire.

Ce n’est pas la première fois que Nathalie Ferlut consacre une BD aux artistes qui la fascinent. Après avoir dépeint la personnalité d’Andersen, l’auteure lève le voile sur le caractère d’une artiste aussi sulfureuse qu’audacieuse. Artemisia Gentileschi est une héroïne, dans le courage qu’elle montre face aux caprices malsains de son père, son viol, les jalousies de son mari et autres humiliations portées par une société résolument patriarcale.
Raconté ici à travers les yeux de sa fille Prudenzia, son combat tortueux pour la liberté est sublimé par le dessin de Tamia Baudouin. Si les quelques clins d’œil aux toiles de la peintre laisseront peut-être curieux et grands admirateurs sur leur faim, ces derniers se réconforteront devant les clairs obscurs et les couleurs ténébreuses imités par la dessinatrice. Un bel hommage à l’œuvre et l’âme de l’artiste, ainsi qu’à la peinture italienne du XVIIe siècle.
Avec Artemisia, les deux auteures conservent avec brio l’empreinte d’un personnage unique, qui n’a pas fini de marquer l’Histoire des Arts...
0

0