La technologie a fini par tuer la technologie. La débrouille, la vapeur, les machines à écrire... reviennent fortement à la mode. Ce chaos semble provenir d’un laboratoire perdu en Afrique où James Graham Keran, un des rares humains sans implant cybernétique, est envoyé. Cette mission va le conduire au bout de lui-même dans un album au graphisme bluffant.
Tous les appareils électroniques sont déréglés et le monde s’effondre. Keran est convoqué chez un haut gradé de l’armée, dans une cité dévastée. Son passé de casque bleu et son corps sans le moindre ajout cybernétique font de lui l’homme idéal pour détruire le laboratoire responsable de ce désastre. Reconnaissant la photo de son ex-femme dans le dossier, il accepte.
Très vite, le récit d’Olivier Cotte se révèle être bien plus qu’une énième histoire d’anticipation sur le rapport homme-intelligence artificielle. Construite quasiment comme un conte philosophique, l’intrigue complexe peut rebuter les lecteurs les moins accomplis notamment à cause des ellipses entre les différents chapitres. Le sel de cette histoire se révèle dans la dernière partie de la BD, où Keran rencontre le créateur du labo mais retrouve aussi son ex-femme. Les questions fortes que posent ces face-à-face, résonnent encore longtemps après avoir clôt l’album.
Si l'intrigue peut perdre, le dessin emporte dès la première page. Les pinceaux de Xavier Coste évoquent avec brio le monde dévasté de retour à l’ère de la vapeur. La solitude de Keran tout comme la perdition du genre humain nous éclatent à la figure tant l’émotion transperce les cases. Seul bémol à cette mise en image d’une apocalypse technologique, certaines scènes tombent dans un tel onirisme qu’elles diluent l’univers crédible et glaçant que le récit avait mis en place.
Le lendemain du monde arrive à tirer d’une situation rebattue une BD à part, à lire malgré ses inégalités.