Antonio se sépare de son partenaire Tancrède et vit une année difficile sans celui pour qui il éprouve un amour dévorant. Luca Vanzella raconte une histoire plus vieille que le temps, mais selon le point de vue d’un jeune étudiant gay arpentant les rues romantiques de Bologne. Accompagné du dessin dynamique et joyeux de Giopota, ce voyage initiatique se complait dans un romantisme exacerbé, ce qui ne déplaira pas à tous.
Profondément romantique et quelque peu collant, Antonio est un jeune thésard en histoire qui ne tombe jamais amoureux des garçons susceptibles de le rendre heureux. Étudiant l’histoire des saints oubliés, il n’arrive pas à se remettre de son dernier amour en date, le séduisant DJ Tancrède...
Prenant à bras le corps l’hyper sensibilité d’Antonio, Luca Vanzella livre une histoire usant de l’onirisme pour matérialiser les visions romantiques de son héros. Les tombées de neige sont en forme de lapins, les saints prennent vie pour psychanalyser Antonio et même les notes de musique deviennent des objets représentant des émotions à vif. Ces très bons éléments narratifs ne compensent pas le fait que cette histoire est très banale. Mis à part son point de vue gay, trop rare en bande dessinée, les bons sentiments qui dégoulinent du récit sont aussi exacerbés que la sensibilité d’Antonio.
Cependant, le point de vue graphique de Giopota sublime une Bologne romantisée, cadre idéal pour le spleen émotionnel d’Antonio. Les traits des personnages, ronds et doux, épousent à la perfection la délicatesse du récit et lui donnent une approche de long métrage d’animation très réussi.
La mièvrerie qui accompagne l’après rupture est certes vue et revue mais à travers son approche poétique, Luca Vanzella offre une histoire unique mais pas suffisamment originale. Heureusement, cette bande dessinée est touchée par la grâce du dessin de Giopota.