Moi, ce que j’aime, c’est les monstres sacré Fauve d’or !
27 janvier 2019
-Actualité
Éditeur : Monsieur Toussaint Louverture
Scénario : Emil FerrisDessin : Emil Ferris
Prix : 34.90€
Scénario
0.0Dessin
0.0Chicago, fin des années 1960. Karen Reyes, dix ans, adore les fantômes, les vampires et autres morts-vivants. Elle s’imagine même être un loup-garou: plus facile, ici, d’être un monstre que d’être une femme. Le jour de la Saint-Valentin, sa voisine, la belle Anka Silverberg, se suicide d’une balle en plein cœur. Mais Karen n’y croit pas et décide d’élucider ce mystère. Elle va vite découvrir qu’entre le passé d’Anka dans l’Allemagne nazie, son propre quartier prêt à s’embraser et les secrets tapis dans l’ombre de son quotidien, les monstres, bons ou mauvais, sont des êtres comme les autres, ambigus, torturés et fascinants. Journal intime d’une artiste prodige, Moi, ce que j’aime, c’est les monstres est un kaléidoscope brillant d’énergie et d’émotions, l’histoire magnifiquement contée d’une fascinante enfant. Dans cette œuvre magistrale, tout à la fois enquête, drame familial et témoignage historique, Emil...
Moi, ce que j’aime, c’est les monstres d’Emil Ferris est indéniablement l’un des comics les plus remarquables de la décennie. Une merveille de plus de 800 pages dont la première moitié vient de sortir.
La vie d’Emil Ferris a été jalonnée de drames qui ont finalement trouvé leur catharsis dans la création de My Favorite Thing is Monsters. Née à Chicago en 1962, elle a une scoliose sévère qui l’empêche de marcher jusqu’à l’âge de trois ans. Elle copie des bandes dessinées que lui donne sa mère, mais aussi des tableaux que son père l’emmène voir à l’Art Institute. À 8 ans, les médecins lui disent qu’aucune opération n’est possible et qu’elle ne vivra pas au-delà de 30 ans. À l’hôpital, elle côtoie la maladie et la mort, et dans son quartier d’Uptown la violence est partout : agressions sexuelles, suicides, défenestrations, morts par armes à feu...
Emil s’accroche à la vie, devient adulte, enchaîne divers boulots dont illustratrice et conceptrice de jouets. Certes, elle a dépassé les 30 ans, mais le jour de son quarantième anniversaire, elle est piquée par un moustique qui lui inocule une forme grave du virus du Nil occidental. Elle a une méningo-encéphalite, est en chaise roulante, ne peut plus se servir de sa main droite, et les médecins lui disent qu’elle ne marchera plus jamais. Mais à nouveau, Emil s’accroche à la vie, à sa fille âgée de six ans. Elle scotche un stylo à sa main pour tenter de redessiner, puis va étudier à l’Art Institute. C’est pendant cette période de convalescence et de nouveau départ qu’elle va réaliser durant six ans ce monumental roman graphique de plus de 800 pages dessiné au stylo à bille... à raison de seize heures par jour.
S’il n’est pas une autobiographie, ce récit à tiroirs n’en reste pas moins une émanation fictionnelle de l’existence de l’autrice, dont le support même (pages perforées à marge rouge et lignes bleues) évoque le journal intime. L’héroïne, Karen (que Ferris considère comme son reflet), jeune fille de dix ans vivant à Chicago et adorant les monstres au point de s’imaginer être un loup-garou, incarne le sentiment de différence ressenti par l’autrice dans son enfance.
Ferris explique d’ailleurs que pour elle, « le coeur même de l’idéologie du monstre » réside dans ces « gens brisés par la vie puis qui ont entrepris de se reconstruire dans le seul but de devenir plus extraordinaires et plus puissants en leur for intérieur ». Outre les monstres de cinéma et de comics dont Karen se sent si proche, la monstruosité a ici différents visages : dans la dangerosité du quartier où elle vit, avec ses violences sexuelles, dans la promiscuité avec des êtres peu recommandables, et bien sûr le suicide de la belle voisine Anka sur lequel va enquêter Karen, découvrant son passé dans l’Allemagne nazie...
Graphiquement, esthétiquement, cette oeuvre hisse l’underground vers l’excellence. D’un simple carnet de notes, Emil Ferris fait émerger un extraordinaire journal intime dessiné, dans une liberté totale de narration séquentielle et faisant preuve d’un talent inouï pour la technique du stylo à bille dont les exceptionnelles hachures, noires ou colorées, créent des spectacles de clairs-obscurs fascinants.
Notamment les portraits d’Anka et les « retranscriptions » de tableaux célèbres sont époustouflants de beauté. Tout le monde s’est trompé sur Emil Ferris : les médecins qui avaient annoncé à l’enfant qu’elle ne vivrait pas, ceux qui ont annoncé à l’adulte qu’elle ne remarcherait plus, et... les 48 éditeurs qui ont refusé cette première oeuvre, aujourd’hui considérée comme un chef-d’oeuvre, jusqu’à ce que celle-ci soit publiée chez Fantagraphics. À ce niveau-là, ce n’est plus de la résilience, c’est l’expression d’une extraordinaire puissance de vie. Vive Emil Ferris.
Article publié dans le magazine Zoo n°67 Septembre - Octobre 2018
27 janvier 2019
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L’Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée ACBD vient d’élire son grand prix 2019 : Moi, ce que j’aime, c’est les monstres d’Émil Ferris publié en France aux éd
10 décembre 2018
-Actualité
1.0
Suite de mes achats de la sélection des primés d'Angoulême 2019 et de mes déceptions. Moi, ce que j'aime, c'est les monstres ... un oeuvre bien trop difficile d'accès, tant par son scénario, la psychologie de l'auteure, que le graphisme. Un album élitiste.
Le 09/04/2019 à 21h32
Magnifique Une de notre confrère A nous Paris mettant en avant Moi, ce que j'aime, c'est les monstres.
Nous avions adoré l'album : UNE ŒUVRE MONSTRE ! Moi, ce que j’aime, c’est les monstres d’Emil Ferris est indéniablement l’un des comics les plus remarquables de la décennie. Une merveille de plus de 800 pages dont la première moitié vient de sortir.
Le 23/09/2018 à 17h28
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