Le Désespéré, Le Sommeil ou bien sûr la sulfureuse Origine du Monde... Chacun d’entre nous a déjà admiré une œuvre du peintre Gustave Courbet (1819-1877), plus grand représentant du courant réaliste. Mais qui connaît sa vie ?
"Crie fort et marche droit !". Telle était la devise du grand-père Courbet. Gustave n’aura de cesse, toute sa vie, de la faire sienne. Mais au crépuscule de son existence, perdu dans les vapeurs d’un verre d’absinthe, le peintre peut se demander s’il a vraiment vécu. Interrogé dans un bar par un jeune homme qui souhaite comprendre ce qui a pu motiver l’artiste toutes ces années de création, Courbet se raconte.
À CONTRE-COURANT
De son enfance riche dans le Doubs, marquée par son impertinence, à ses études de dessin à Paris puis à ses premiers succès, on découvre un Courbet que l’on ignorait. Tête brûlée, égoïste, alcoolique. Mais talentueux. Pas question pour le jeune homme allergique à l’autorité de faire l’armée : il se fait réformer grâce à son bégaiement ! Faisant les quatre cent coups avec son cousin Urbain Cuenot et son ami Adolphe Marlet, Gustave multiplie les conquêtes sans jamais s’attacher. Même pas à son fils. Un seul amour le fait vibrer, celui de la peinture. Ou bien est-ce sa soif de reconnaissance et de succès, via la peinture, qui le motive ? En tous cas, rien dans les codes picturaux de son époque ne le séduit. Il rompt avec toute forme d’académisme, se heurtant donc aux maîtres qui font et défont les carrières, et va être le fer de lance de ce qu’on appelle maintenant le courant réaliste. Choquant par les détails de sa peinture, jugés triviaux par la masse des observateurs, Courbet n’a pourtant pas encore réalisé L’Origine du monde qui, par son cadrage rapproché et son sens léché du détail, lui vaut d’être encore sous le feu des projecteurs et la flamme des détracteurs un siècle plus tard. Il va pourtant être repéré, exposé, courtisé et va bien profiter de sa vie de bohême, un brin désenchanté.
Ce n’est pas à la collection "Grands Peintres" de Glénat mais aux strasbourgeoises éditions du Long Bec que l’on doit cette biographie dessinée du peintre ! L’auteur aime Courbet, un enfant de l’Est comme lui, et ça se sent. Il est souvent difficile d’énumérer une vie, Huot réussit fort bien. Son dessin (sublimé par les couleurs de Jocelyne Charrance) comme sa narration (la bonne idée d’une discussion) en font un bon album historique, pour les fans de peinture comme pour les néophytes.
Article publié dans le Mag ZOO Février 2016