New York, été 2022. Mary et ses amis, Pete et Ansley, s’adonnent à un jeu virtuel très sophistiqué, le « D-Time ». Tandis que Jack se plonge dans le Londres de Jack l’éventreur, Ansley dans le Chicago de la prohibition, Mary se lance à la rencontre de l’écrivain H. P. Lovecraft à Providence, deux ans avant sa mort. Rodolphe nous invite à passer un agréable moment avec un de ses auteurs favoris et retrouve le trait charbonneux de Marcelé.
Lorsqu’elle se retrouve dans une rue de Providence avec son accoutrement anachronique pour l’année 1935, Mary a du mal à réaliser qu’elle est en train de concrétiser son rêve le plus fou. En effet, préparant une thèse intitulée Le conte fantastique de Poe à Lovecraft, elle n’ignore rien sur son auteur culte : elle a tout lu de lui, y compris son impressionnante correspondance publiée parallèlement à ses romans. Elle sait donc où il réside et s’en va frapper à sa porte. Est-ce parce qu’il écrit du fantastique, qu’il finit par croire aux explications de Mary ? Toujours est-il qu’ils vont converser à bâtons rompus et partir pour une balade nocturne au cours de laquelle Lovecraft évoque des souvenirs qui l’ont particulièrement marqué.
Une nuit avec Lovecraft est sans doute un des scénarios les plus personnels que Rodolphe ait signé. Il mêle adroitement ce voyage dans le temps à la H. G. Wells avec des extraits de certaines histoires de Lovecraft, tel Le Cauchemar d’Innsmouth ou celle tout aussi terrifiante d’Edgar Poe, Le chat noir, source d’inspiration pour Lovecraft. Au passage il évoque aussi son côté moins reluisant, à savoir son racisme, son antisémitisme et ses sympathies pour Hitler sans cependant trop s’appesantir sur cet aspect de sa personnalité.
Philippe Marcelé s’avère être le partenaire idéal pour traduire dans un noir et blanc idéal l’univers très angoissant et très imaginatif de Lovecraft. Une réussite.