Faire de la création de Cyrano de Bergerac par Edmond Rostand un sujet de BD palpitant était une gageure. Léonard Chemineau tient pourtant la dragée haute au texte théâtral d’Alexis Michalik, qui concilie éléments historiques et vie imaginée d’Edmond Rostand au cœur du Paris de la fin du XIXe siècle. Un morceau de bravoure à découvrir de toute urgence !
Edmond Rostand a 29 ans, une femme, deux enfants et une longue carrière d’auteur dramatique constituée uniquement de fours. Ses longues pièces en alexandrins ne semblent pas au goût du public qui leur préfère les comédies et vaudeville en prose. Sans avenir, il accepte la proposition du célèbre acteur Coquelin, de lui présenter une comédie en vers… Elle s’inspirera d’un certain Cyrano de Bergerac mais surtout de la verve des personnages qu’il rencontrera.

Avec un découpage diablement enlevé et un trait doux divinement mis en couleur, Léonard Chemineau monte une BD pleine d’émotions et d’énergie. Elle rend immédiatement sympathique le dramaturge qui enchaîne les échecs… L’épopée de Cyrano, son futur chef d’œuvre, pleine d’énergie et d’humour, capte l’attention dès son ouverture pour ne jamais laisser retomber son souffle.
Son dessin précis et rond rend le Paris du XIXe siècle naturellement vivant et habité. Dialogue courant ou texte théâtral, tout se répond aisément jusqu’à la tirade du nez qui s’invite le plus naturellement du monde plusieurs fois à la fête. De scènes en scènes, d’actes en actes, le lecteur poursuit les héros pour une fois le livre terminé avoir envie de le recommencer pour y découvrir les ficelles de cette machinerie envoûtante, aux atours chaleureux.
Du grand spectacle, au sens noble du terme, à applaudir en BD ?
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