Avec 2112, Delirium nous propose l’amorce de Next Men (à venir bientôt chez le même éditeur), le premier travail d’auteur de John Byrne après sa starification mainstream chez Marvel. À redécouvrir.
Quand on parle de l’émergence d’auteurs de comics voulant se réapproprier leurs œuvres au début des années 1990, en réaction à l’hégémonie des deux majors, on pense quasi automatiquement à Jim Lee et Todd MacFarlane avec Image Comics.
Pourtant, le label Legend chez Dark Horse ne fut pas moins important, puisqu’on y trouvait Frank Miller avec Sin City, Mike Mignola avec Hellboy, ou... John Byrne, la superstar d’X-Men puis notamment de Fantastic Four chez Marvel et de Superman chez DC, qui y déploiera un projet tout personnel. Non pas une histoire de super-héros habituelle mais un récit de SF mâtinée de super-héroïsme, sans onomatopées ni bulles de pensée, sous un angle adulte et sombre, dans un langage cru nous parlant de manipulations mentales tout autant que génétiques : Next Men.
Hors-d’œuvre futuriste
Mais avant que Next Men ait droit à une première série de 31 numéros, il y aura eu 2112, un récit d’une soixantaine de pages qui est à la fois une introduction à cet univers et sa conclusion. Byrne y décrit un monde futuriste où les gouvernements sont économiques, où la technologie a détruit la nature pour la remplacer, et où la principale super-agence de sécurité (Safeguard Inc.) est moins reluisante qu’il n’y paraît, de mèche avec des projets gouvernementaux secrets et terribles qui durent depuis des décennies. Il y est question d’écologie, du côté sombre de l’ordre, de torture, des mensonges sur lesquels se basent nos sociétés... préambules à d’autres sujets tout aussi graves qui seront traités dans Next Men, passionnante série que Delirium va publier en trois volumes.
Article publié dans le magazine Zoo n°71 Mai - Juin 2019