Qui n’a jamais fait croire qu’il avait lu tel livre ou vu tel film pour pouvoir s’immiscer dans une conversation ou faire valoir son opinion ? Ni vu ni lu s’appuie sur ce postulat de départ pour livrer une œuvre décalée mais redondante, qui finit par lasser par son manque de profondeur.
Le dernier ouvrage de Houellebecq, Game of Thrones, Marc Lévy, Avengers, Madame Bovary, La Reine des Neiges, Intouchables... Voilà des incontournables qu’il est interdit de ne pas avoir vu ou lu, sur lesquels il faut impérativement un avis au risque de passer pour un attardé, comme si une forme de pression sociale nous obligeait à rentrer dans le moule culturel.
En s’appuyant sur ce comportement qu’on a tous adopté au moins une fois et qui fait de nous des menteurs invétérés, prêts à tout pour exister et se sentir intéressant, Jean-Christophe Mazurie pointe le ridicule de ces mondanités et de ceux qui se prennent pour les rois de la critique. Malheureusement, au fil des pages, les petites chroniques qui étayent clichés sur clichés finissent par se ressembler et finalement lasser, cette médisance systématiquement de mauvaise foi devenant rapidement nauséabonde.
Minimaliste et d’un goût douteux, le dessin ne vient pas arranger le tableau. La caricature se trouve effacée par son manque de lisibilité et ne rattrape donc même pas le propos... Pour reprendre la phrase d’accroche de chacun des gags développés dans l’ouvrage : « on a lu Ni vu ni lu et on n’a pas vraiment aimé ». Celui-ci fait au mieux sourire mais ne fera pas partie des incontournables qu’il faudra prétendre connaître pour briller en société...