Deuxième opus de la saga des Rougon-Macquart, La Curée recèle d’or et de chair comme le synthétisait Emile Zola. L’or se retrouve dans la corruption du Second Empire en plein travaux haussmanniens et la chair se montre dans les lieux de pouvoir accro aux fêtes décadentes. Adapté en BD, cette satire sociale s’avère toujours d’actualité...
Républicain défait, Aristide Rougon débarque à Paris en 1852 pour embrasser l’Empire et se remplir les poches. Son frère, député, lui obtient un petit boulot à l’Hôtel de Ville de Paris pour avoir la paix. Ce n’est pas ce qu’espérait Aristide mais il va vite trouver le moyen de rentabiliser sa nouvelle situation. L’ambitieux Aristide Saccard est né...
Malgré quelques aménagements du récit originel, cette adaptation conserve tout le sel et l’esprit du roman naturaliste. Aristide et avec lui la corruption ainsi que l’appât du gain, en tiennent le haut du pavé. Si la situation de Renée, la nouvelle femme d’Aristide, passe un peu en second plan, elle garde tout sa puissance narrative. Le récit livre donc un personnage de beau salaud avec Aristide mais aussi une femme terriblement malheureuse en amour avec Renée. Dynamique et ponctué de suspense, cette BD restitue la force pamphlétaire de l’œuvre de Zola, véritable uppercut au pouvoir déliquescent, quel que soit son époque.
Le dessin s’en donne à cœur joie pour croquer les bons et les méchants. Quand les spéculateurs entrent en scène, ils ont déjà la mine antipathique et les yeux avides de tout. Le décor joue son rôle à plein régime immergeant totalement dans les ors et l’atmosphère fin de siècle du Second Empire.
Adaptation réussie, La Curée donne à Zola un souffle curieusement moderne d’un thème toujours moderne.