Rendu célèbre par le film de Louis Malle, le Père Jacques, résistant, cachait des Juifs au sein de son collège, jusqu’à son arrestation en 1944. Titré comme le film sorti en 1987, Au revoir les enfants mais sous-titré La véritable histoire du Père Jacques cette BD balaie l’ensemble de la vie de cet homme épris d’humanité. Cet album biographique fort révèle un homme, lueur d’espoir durant les temps les plus sombres.
En 1958, au palais de Chaillot, le journaliste Hubert Bonnafous demande à Roger Heim, directeur du lieu, de lui parler du père Jacques. À l’évocation de ce nom, on sent le trouble du directeur et la sincère admiration qu’il a pour cet homme mort d’épuisement dans les camps en juin 1945. Les images des moments vécus dans les camps nazis reviennent en mémoire du haut fonctionnaire.
Ce récit explore la vie de Lucien Bunel, nom de naissance du père Jacques, avec pour fil rouge les entretiens d’un journaliste avec des personnes l’ayant connu aux différentes époques de sa vie. De ce portrait ressort un homme complexe, tiraillé entre son désir de contemplation et celui d’éducation. Dur avec les autres pour les faire avancer, parce que dur avec lui-même. Grâce aux différents témoignages, se révèle un cœur irradiant de joie, de dignité et de générosité. Même après sa déportation, cette BD met en avant l’image d’un homme qui cherche à donner du courage à ses camarades d’infortune en proie à la barbarie nazie.
Le dessin en noir et blanc, presque austère, pourrait rebuter au premier abord mais il apparaît comme une évidence au fur et à mesure des pages. Dans un tel déferlement d’horreur, les visages expressifs, les corps cassés, le combat de cet homme auraient été moins marquants sous le sceau de la couleur.
Au revoir les enfants contient une vie pour l’humanité, une biographie contre l’horreur.