La construction du réseau ferré aux États-Unis marque la fin des grands convois de bétail que les cowboys accompagnaient à travers les grandes plaines du Middle West. Russell réalise qu’il pratique son métier pour la dernière fois. En cours de route vers Abilene, il prend sous son aile Bennett, un jeune « attardé » qui vient de perdre sa mère. Au milieu du raz-de-marée des publications de cette fin d’année, voilà une véritable pépite qu’il ne faudrait surtout pas manquer.
À l’issue de son contrat, Russell propose à Kirby, un autre membre du convoi, de s’associer avec lui pour ouvrir un ranch dans le Montana avec le gamin. Mais alors qu’ils font arrêt dans un bled paumé du Wyoming, Bennett est retrouvé mort, ce qui met Russell hors de lui…
Dans la lignée des westerns dits « crépusculaires », le scénario de Jérôme Félix donne de l’Ouest une vision nettement moins idéalisée que maintes œuvres classiques de l’écran, sans pour autant s’engouffrer dans le courant western spaghetti. On pense bien sûr aux films de Clint Eastwood tels Pale Rider ou Impitoyable. À l’instar du clan des personnages de La horde sauvage, Russell n’a plus rien à perdre à partir de la mort de Bennett car son avenir, ses projets, sont définitivement compromis.
Il aura fallu trois années à Paul Gastine pour venir à bout de ce one-shot d’une soixante de planches sans que jamais son dessin ne faiblisse au détour de la moindre vignette. Personnages incarnés, expressifs et tout en nuances, au diapason d’un récit qui n’a rien de manichéen, son trait éclate littéralement dans un juste équilibre entre texte et images. Son travail sur la couleur est impressionnant. Inspiré par les maîtres du genre qui l’ont précédé, il fait montre d’une personnalité qui n’appartient qu’à lui et cela s’appelle « talent ». A star is born !
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