La Force des femmes - Rencontres africaines

Avec ce carnet de voyage dans l’Afrique ou plutôt dans les Afriques tant les paysages et les contextes varient, Joël Alessandra peint avec brio le quotidien rarement facile des femmes sur le continent.

De Djibouti cité garnison sur le golfe d’Aden à Bukavu, ville martyre dans l’est du Congo, en passant Annaba sur les rives algérienne de la Méditerranée et par Bangui, dans cette Centrafrique en proie aux pillards, le même cruel destin unit les femmes africaines. Dominées par des sociétés patriarcales, victimes des guerres et des violences des hommes, brimées socialement et culturellement, les femmes d’Afrique tentent pourtant de faire face, chacune à leur manière.

Il y a d’abord Kadidja, jeune et belle somali, qui espère échapper au mariage forcé en se donnant à l’homme qu’elle a choisi, cette enfant de Bangui qui écrit sur les lignes des cahiers ses rêves de paix, cette tchadienne qui dans la chaleur accablante du désert de l’Ennedi attend son mari et Nour, l’algérienne, qui tente de repousser les limites à sa liberté... Toutes ont en commun de faire face, faisant preuve d’une remarquable résilience. Elles sont des femmes puissantes !

Avec ces dessins, tableaux colorés d’une réalité dure, forcément, ces vies nous touchent : il faudrait sacrément manquer de cœur pour ne pas s’émouvoir à la lecture du poème que lui adresse secrètement la jeune centrafricaine ! On sent que l’auteur voudrait aider, mais que peut-il faire, hormis témoigner pour informer ?  Il rencontre pourtant un homme aidant, le docteur Mugweke, prix Nobel de la paix, l’homme qui soigne les femmes au Congo quand la folie d’autres hommes les a meurtries à vif. Derrière le dessin à la gouache, il y a le reportage et c’est la vraie force de l’ouvrage !

Moments de vie, rencontres fugaces, brefs échanges avec des héroïnes du quotidien, La Force des femmes est un une photographie parfois émouvante, un instantanée toujours réaliste d’une Afrique sous domination masculine, dont on répète pourtant à l’envie que les femmes en sont l’avenir.