Mortel

La grande faucheuse est à l'honneur dans ces gags. Ce squelette habillé d’une robe noire en lambeaux et muni de son instrument favori, est au centre de toutes les pages : elle vient accomplir son ouvrage.

Les pages carrées sont généralement composées en 4 cases composant un gag, un peu à l’image des strips de presse. Quelques excellentes trouvailles comme cette scène qui se déroule dans le cockpit d’un avion de ligne pendant un détournement. On y voit le co-pilote faire des commentaires pendant que le commandant de bord écoute les instructions du pirate de l’air. Cela énerve ce dernier. Il rétorque violemment au navigant : « Tu t’écrases ! ». Et l’avion part au tapis... Certains des gags prennent la forme d’un seul dessin comme celui où 4 hommes munis d’un revolver se menacent mutuellement en attendant le premier coup de feu. La mort se tient derrière avec une baudruche qu’elle s’apprête à faire exploser.

Mortel © Marc Dubuisson, Thierry Martin, collection Pataquès

L’exercice n’est pas facile : imaginer une centaine de petites histoires drôles sur un format quasi unique avec comme personnage principal la mort. D’ailleurs, cette dernière évolue dans le temps, dans toute la première partie de l’album, elle ne parle pas et seule sa présence amène au trépas. Au bout d’un moment, le scénariste, probablement pour s’ouvrir d’autres horizons, lui donne la parole et la fait vivre dans une famille avec mari et enfant. Cela change les perspectives et la tonalité des planches.

Thierry Martin a un trait classique qui lui est propre. Il a réalisé un album de Mickey et a aussi dessiné des héros de la BD franco-belgedans des scénettes de bagarres. Il est également l’auteur de la série animalière Le Roman de renard ; à chaque fois, son dessin est parfaitement reconnaissable tout en restant fidèle au personnage originel. Ici, il est à l’aise dans cet univers de gags absurdes, on sent qu’il prend plaisir à dessiner certains plans ou attitudes. C’est un auteur que l’on a toujours de plaisir à retrouver, toujours surprenant dans ses changements d’univers.