Meurtre à la compta

Le temps d’une enquête policière loufoque qui brocarde malicieusement le petit monde de l’entreprise, James et de Thuin offrent des gags en rafale permettant de faire le tour de tous les services. Jouissif.

Directeur de la collection Pataquès aux éditions Delcourt, James signe le scénario de Meurtre à la compta. Il connaît bien le monde de l’entreprise : après une école de commerce, il a travaillé comme cadre avant de devenir auteur de bande dessinée à plein temps. Il s’est fait connaître en signant Dans mon open space, une parodie animalière de la vie au bureau.

David de Thuin, qui a parfois aussi signé Deth, est un très bon dessinateur au style rapide et efficace. Auteur prolifique, il excelle entre autres dans le style animalier. Ici, les personnages sont des humains. Dans une entreprise néo-libérale, deux salariés du marketing veulent comprendre la signification du chiffre du jour et vont à la compta. Face à leurs questions, le comptable reste muet et immobile. Serait-il mort ? « Mais il est comptable, il ne bouge jamais ! » fait subtilement remarquer un de nos deux marketeurs. Finalement, sa mort est constatée, et la police est sur les dents. La commissaire Linguine et son adjoint Pichard sont sur l’enquête qui se corse quand le cadavre disparaît…

Meurtre à la compta © David de Thuin, James, collection Pataquès

L’album est composé de planches de quatre cases, avec, à chaque fois une chute ou du moins un bon mot. Mais le tout s’enchaîne et forme une histoire complète. Avouons-le, les dialogues sont bourrés de punchlines et c’est vraiment drôle, sans temps mort. Ça crépite à toutes les pages ! Humour absurde et malicieux sont au rendez-vous, portés par un dessin très expressif. L’occasion de découvrir les petits secrets des salariés de l’entreprise : place convoitée près de la machine à café, rivalité entre services, statut du N+1, jargon professionnel, amours impossibles...

Comme le dit fort justement la commissaire : « Le monde de l’entreprise est comme une terre étrangère pour nous. On ne partage pas la même langue, les mêmes codes. ». Grâce à James et de Thuin, le lecteur profite d’une méthode Assimil efficace, car très drôle.