Freezer

Quand Mamie passe du côté obscur, le père de Mina trouve une idée risquée pour subvenir aux besoins du foyer. Faut dire qu'il est préférable d'avoir Elvis, le petit dernier, en photo qu'à table... Mais Mamie fait de la résistance. Et les Anglaises de Mina débarquent enfin. Une brillante leçon de vie au graphisme tonifiant.

La jeune Mina est à l'heure des grandes métamorphoses : celles qui vont transformer la petite fille qu'elle veut continuer à rester en l'adulte qu'elle aimerait quand même devenir. Mais les règles, sujet de concours entre ses camarades de classe, tardent à venir. Pendant ce temps, Mamie passe l'arme à gauche, Papa cherche désespérément d'autres apparitions à la télé que dans les pub pour PQ, le tonton est de plus en plus zinzin et le petit frère Elvis s'empiffre... Rien ne va plus chez les Robinson.

Plus qu'une BD, Freezer est une leçon de vie à mettre entre toutes les plus jeunes mains. L'apprentissage de la féminité, la promiscuité familiale, les contraintes de l'école, la méchanceté des moqueries sur le physique, la bêtise adolescente... Tout y est. Veronica « Veci » Carratello brosse le portrait de Mina, qui est un peu notre pré-adolescente à tous. Un scénario remarquable, pétri de simplicité, qui va droit au cœur.

Le trait de l'autrice n'a d'égal que son sens de la narration : vibrant, humain, terriblement expressif. On s'esclaffe en découvrant le chat familial, Kafka, à l'esprit aussi alambiqué que l'écrivain éponyme. On avance en éclaireur dans les décors urbains où prend place la comédie humaine de cette famille, si atypique au premier regard et pourtant pas tant que ça...

Comme son titre ne l'indique pas, Freezer est une bouffée de chaleur narrative et graphique qui souffle dans le cou comme le vent doux et apaisant d'une fin d'été. Une de ses bonnes surprises qui donnent envie de prolonger les vacances.