Qui n’a jamais entendu parler de Little Nemo et de son créateur Winsor McCay a encore beaucoup à apprendre à propos de la bande dessinée et de son histoire. Ce n’est évidemment pas le cas de Frank Pé qui lui rend ici un vibrant hommage en revisitant son univers avec son talent particulièrement éprouvé depuis Zoo, son incontournable triptyque, pour dessiner la gente animale laquelle tient, tout au long de ces pages, un rôle de premier plan.
Dès les premières pages, on sent que le père de Broussaille a longuement étudié la subtile et audacieuse architecture des planches de McCay qu’il reprend à son compte en imaginant une série de nouveaux rêves se muant souvent en cauchemars de Nemo dit de Slumberland, un jeune garçonnet d’à peine dix ans inspiré par Robert, le fils de l’auteur, qui devint plus tard son collaborateur.
Si la flore et la faune ont tenu un rôle non négligeable dans l’œuvre de McKay, Frank Pé trouve ici une occasion unique d’en faire usage, allant même jusqu’à créer un bestiaire hybride qui s’intègre parfaitement dans l’univers de Little Nemo. Bien sûr, on retrouve également dans presque toutes ces histoires le personnage de Flip. Frank Pé invite même Winsor McKay à partager certains sketchs avec sa propre créature.
Les éditions ont eu la bonne idée de publier cette intégrale de cet hommage publié en deux tomes par les éditions Toth en 2014 et 2016 dans une version de luxe au tirage très limité et donc pas à la portée de toutes les bourses. L’album inclut également quelques réalisations de dessins réalisés en live à l’occasion de plusieurs festivals BD, une discipline que l’auteur a coutume de privilégier plutôt que de s’astreindre à de longues et peu motivantes séances de dédicaces. Un choix qui se respecte.