1970 / 1975, le drame des avortements illégaux suscite l’impérieuse nécessité d’une libération de la parole. Par centaines, des femmes anonymes ou célèbres exprimeront de nouvelles ambitions sur la place publique, permettant ainsi une lente évolution des mentalités.
A partir d’éléments véridiques, cette fiction embrasse une problématique complexe illustrée de plusieurs parcours de vie dont celui de Nicole, journaliste et maman de deux bambins, qui va s’engager dans sa première enquête.
La profusion des cas d’interruption volontaire de grossesse et le nombre considérable de décès consécutifs interpelle. Sauf qu’au Nouvel Observateur, ce n’est pas franchement la priorité du moment. Un projet de loi relatif à l’avortement thérapeutique s’élabore. Fausse bonne idée ne concernant qu’un nombre restreint de cas. Pour beaucoup, dont certains médecins ulcérés par la mortalité importante constatée des suites d’opérations clandestines, il apparaît urgent de révéler ce tabou morbide qu’est la conséquence douloureuse ignorée des hommes.
Devant Nicole, Sylvie, baby-sitter occasionnelle, s’effondre affaiblie après avoir subi l’acte illégal dans de sordides conditions. Bouleversée Nicole s’implique immédiatement en la conduisant auprès des services hospitaliers. Elle y rencontrera plus tard, le docteur Berthoud qui lui fera de précieuses révélations lui donnant matière à penser le contexte médical et social lié aux avortements.
Pendant ce temps, le Mouvement de Libération de la Femme, hétéroclite et vivace, s’affirme notamment en réclamant le droit à l’avortement.
Certes, le principe de la contraception est acté (loi Neuwirth, décembre 1967) mais les décrets d’application non promulgués en rendent l’application inopérante depuis plusieurs années. De fait, entre celles qui ont les moyens financiers (d’aller à l’étranger) et les autres se révèlent les inégalités face aux risques mortels et juridiques.
Décidée à porter le sujet devant le comité de rédaction de l’hebdomadaire, Nicole, faisant référence à la situation vécue à New York et forte des infos et témoignages recueillis, obtient le feu vert attendu. Elle va faire son premier article !
Et après ? La nécessité d’un témoignage français devient alors cruciale. Or « la femme » niée dans sa douleur, se tait en France. La honte, l’ombre du déshonneur, vaut mieux que l’emprisonnement. C’est pourtant en cherchant cette courageuse égérie que débutera le processus révolutionnaire. Une rencontre avec Simone de Beauvoir sera bientôt le prélude de ce qui deviendra le « manifeste des 343 ».
Face à l’inacceptable, la détermination de quelques personnes et de groupes de pression solidaires forment le ressort d’une volonté politique que Simone Veil portera jusqu’à l’Assemblée Nationale.
Histoire forte et documentée, sa lecture achevée, nous nous sentons plus solidaires que censeurs.