Stéphane Fert et son envoûtante Morgane
En plus d’une centaine de pages, Morgane réussit à charmer avec une réécriture audacieuse et moderne des légendes arthuriennes. Son dessinateur et co-scé
4 juin 2016
-Interview
Éditeur : Dargaud
Scénario : Stéphane Fert, Wilfrid Lupano
Genres : Roman Graphique
Prix : 19.99€
Scénario
5.0Dessin
3.01832, Canterbury. Dans cette petite ville du Connecticut, l'institutrice Prudence Crandall s'occupe d'une école pour filles. Un jour, elle accueille dans sa classe une jeune noire, Sarah. La population blanche locale voit immédiatement cette " exception " comme une menace. Même si l'esclavage n'est plus pratiqué dans la plupart des Etats du Nord, l'Amérique blanche reste hantée par le spectre de Nat Turner : un an plus tôt, en Virginie, cet esclave noir qui savait lire et écrire a pris la tête d'une révolte sanglante. Pour les habitants de Canterbury, instruction rime désormais avec insurrection. Ils menacent de retirer leurs filles de l'école si la jeune Sarah reste admise.Prudence Crandall les prend au mot et l'école devient la première école pour jeunes filles noires des Etats-Unis, trente ans avant l'abolition de l'esclavage. Nassées au coeur d'une communauté ultra-hostile, quelques jeunes filles noires venues d'un peu partout pour étudier vont prendre...
Inspiré de faits réels, Blanc Autour est un témoignage fort sur l'un des combats mené en faveur de l'égalité des droits entre les noirs et les blancs aux Etats-Unis. Le récit débute en 1832, dans le Connecticut, à Canterbury. Sarah, une jeune domestique noire, désire étudier dans l’école de Prudence Crandall, une école jusque-là réservée aux pensionnaires blanches.
L’enseignante Prudence Crandall, l’une des rares abolitionnistes de la ville, accepte Sarah dans son établissement. Mais cette décision inédite n’est pas sans conséquence. Des habitants influents s’érigent contre l’institutrice. Les familles refusent ainsi de laisser leurs filles à la pension. Malgré cela, Miss Crandall ne faiblit pas face aux menaces. Elle décide d’ouvrir les portes de son école aux jeunes filles afro-américaines de la région.
Les dessins de cet album ne laissent pas transparaître de profondeur visuelle, ils restent plats. C’est un parti-pris, dont le style, pourtant recherché, ne déploie pas de qualité narrative. Ce graphisme a donc, hélas, tendance à bloquer notre immersion dans l’histoire.
Il reste que le propos de fond est passionnant et la construction du récit est très aboutie. Les auteurs ne se contentent pas de décrire un événement historique. Ils font surgir des personnages secondaires inattendus. Une mystérieuse femme aux cheveux blancs ou encore Sauvage, un garçon noir anticonformiste, se moquent des bonnes moeurs et du cadre imposé par la société. Ils bousculent les dogmes de la civilisation, relayés par les blancs suprémacistes, mais aussi par les écolières noires. « Apprenez docilement la culture des blancs », lance-t-il ironiquement aux pensionnaires noires, qui luttent pour acquérir les mêmes droits que les blancs. Sauvage perçoit en effet, en l’instruction une façon de le dominer, nuisible à sa liberté. Le discours de Sauvage permet ainsi d’éviter l’écueil d’un récit binaire et manichéen.
Ce combat, symboliquement mené par Sarah et par l’institutrice, n’est donc pas de tout repos. Voilà un album fort en rebondissements qui propose une sérieuse analyse critique d’un monde conventionnel/ conservateur. C’est avec finesse qu’est véhiculé le discours de fond, entre autre, soutenu par une inspirante métaphore. Elle nous invite à interroger notre perception du monde. Faire le parallèle entre l’illusion d’un bâton cassé, plongé dans l’eau, et le fait d’avoir une perception biaisée sur une situation. A cela Sarah déduit que le regard change lorsqu’il s’agit d’un « ignoble massacre » face à « un conquête héroïque », or c’est simplement « l’indignité qui se transforme en gloire ».
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