Dans Esprit et Créatures du Japon, nous découvrons les textes de Lafcadio Hearn, passionné par les mystérieuses légendes des fantômes japonais, admirablement illustrés par Benjamin Lacombe. Ces « yôkai » (NB: mot japonais désignant l’ensemble des esprits au Japon) occupent une place centrale dans cette suite de contes fantastiques.
Réconfortantes mais parfois révoltantes, ces fables se lisent comme de courts spectacles. Ces histoires aux décors dépaysants font découvrir un univers exotique. Chaque nouvelle de l’album dirige notre attention sur la rencontre entre les hommes et les esprits réincarnés. Il s’agit d’animaux aussi fascinants que déroutants. Certaines de ces créatures peuvent attiser notre empathie, comme l’oshidori femelle, ce canard sauvage qui, apparaissant au beau milieu du songe d’un chasseur, lui fait part de toute sa détresse.
Un faisan habité par l'esprit du beau-père de la jeune fille
Le rêve couvre un aspect important des histoires de Lafcadio Hearn. À travers cet état de subconscient, les esprits tentent de transmettre des messages. Le rêve, si souvent utile aux récits fantastiques, intrigue. Il a ce pouvoir d’attiser notre curiosité, dans l’attente de savoir si, lors du réveil du personnage, ce dernier va pouvoir vérifier la réalité de son songe.
Benjamin Lacombe nous ouvre les portes d’un monde onirique grâce à son dessin si particulier et hypnotisant. Les esprits incarnés en créatures prennent place au sein de cette nature particulièrement féerique. Chaque page de dessin est un spectacle, parfaitement complémentaire à la lecture du texte. Les couleurs sont flamboyantes. Les silhouettes ressortent grâce à un trait fin et aux courbes incarnant le mouvement.
Dans la culture asiatique, la présence des esprits dans la vie des hommes est considérée avec respect. L’album nous invite donc à ouvrir les yeux sur un autre mode d’observation.
Après lecture, il est possible de percevoir au travers d’une fourmilière autre chose qu’une multitude d’insectes. Je me rappellerais : «Le rêve du papillon et de la fourmi» et j’y trouverais tout autre chose. Certainement des images librement impulsées par le souvenir de la dernière nouvelle d’Esprit et Créatures du Japon. Un pur délice.
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