Une année avec l'orchestre Beethov sur Seine

La curiosité est le mot d’ordre de Chloé Wary, autrice, illustratrice et protagoniste de son nouvel album Beethov sur Seine. Alors qu’elle n’a jamais approché de si près les morceaux de Beethoven, Chloé pénètre dans le monde peu médiatisé de l’orchestre symphonique: l’Insula Orchestra à Paris. 

« Dans quoi je me suis embarquée? Je vais jamais m’en sortir… J’y connais rien. ». D’abord avec appréhension, Chloé se lance tout ingénue dans la découverte du répertoire de Beethoven. Elle assiste aux répétitions de l’orchestre Insula Orchestra, pour sa représentation inédite de « Pastorale for the Planet », en hommage aux symphonies de Beethoven. L’autrice y enregistre ses impressions pour retracer ainsi toute son expérience: de nouvelles connaissances, des aires mélodiques, mais aussi ses étonnements, ses réflexions les plus intimes et l’émotion vécue… Tout y est.  

L’album a  justement été conçu avec un QR code à scanner, afin d’accompagner certains passages de notre lecture avec le morceau de musique correspondant. Il faut saluer l’idée de ce dispositif, très cohérent avec l’objectif premier de l’album: «démocratiser le classique». Plusieurs poèmes interviennent au fil de la lecture. En mixant les références urbaines, son parler familier et son admiration pour le classique, ainsi que les enjeux de notre société. L’autrice nous révèle qui elle est. Sa personnalité, ses désirs et ses doutes: tout cela en fond de Pastorale, c’est réjouissant. 

© Chloé Wary / Steinkis Editions

A l’image de cet artiste libre et révolté qu’était Beethoven, les dessins, sont mouvementés. Ces formes oniriques permettent justement de ressentir l’amplitude des sons. Le personnage de Chloé est parfois submergé de pensées et d’émotions. Le graphisme tend alors vers une certaine confusion, un brouillage de l’esprit difficile à déchiffrer. En variant les tons du noir au blanc, nous acceptons néanmoins la caractère subjectif de l’histoire racontée. 

En immersion totale dans la bulle intime de Chloé, nous suivons sa relation imaginée avec le compositeur. Des dialogues intérieurs pleins de dérision guident son initiation à l’univers flamboyant de Ludwig van Beethoven. Voilà une ode à la musique classique, et tout particulièrement à la mémoire du compositeur allemand. Chloé semble l’avoir cerné. Comme un ami, elle l’a surnommé, lui parle et le taquine. « On va devoir apprendre à se connaître, parce qu’on s’est ignorés jusque-là, comme si on n’était pas du même monde ». Mais ce monde commun, elle le créé elle-même avec son authenticité, son audace et sa curiosité.