La nouvelle dessinatrice officielle de Libé est une survivante de l’attentat de Charlie Hebdo, qui a coûté la vie à la majorité de ses collègues, ses confrères, ses frères, un diable de 7 janvier 2015. Pour sortir la tête de la vague qui la submerge depuis, Coco dessine, inlassablement. Elle raconte sa thérapie par les crayons. C’est à pleurer d’humanité.
Comme l’homme mis en scène dans la chanson de Bernard Lavilliers, Les mains d’or, Coco veut dessiner encore, dessiner encore, forger l’acier rouge, avec ses mains d’or, dessiner encore, dessiner encore, acier rouge, et mains d’or. Car oui, Coco a des mains en or. Un coup de crayon en or. Peut-être, encore plus, depuis ce 7 janvier 2015 où, sortie plus tôt que les autres de la conférence de rédaction de Charlie Hebdo, l’apprentie dessinatrice de presse fut sommée par les frères Kaouachi de les conduire à la rédac’. On ne connaît malheureusement que trop bien la suite.
Six ans après l’attentat de Charlie Hebdo, la dessinatrice Coco revient, dans Dessiner encore
© Les Arènes
Cabu, Wolinski, Charb, Bernard Maris et tous les autres sont morts. Autant de piques dans le cœur de Coco, de coups de pied dans son cerveau. Des nuits à ne pas dormir, des jours à ne pas vivre. Et puis, enfin, dessiner encore, dessiner encore. Pour survivre. Parce qu’elle est femme, amante, mère, dessinatrice. Parce qu’elle croit plus que jamais en Charlie, au pouvoir des crayons face aux cons. Ce livre en est le témoignage. Une trace de ce passé qu’il ne faut ni entretenir, ni oublier.
Comment survivre au pire? En dessinant encore et encore
Quand on plonge dans Dessiner encore, on se dit que Libé a vraiment bien fait de faire de Coco sa dessinatrice de presse officielle. Après quarante ans de Willem, elle conserve quand même sa casquette de dessinatrice chez Charlie Hebdo, mais devient, excusez du peu, la première dessinatrice de presse nationale régulière dans un quotidien français.
Cette place, elle ne l’a pas volée. Pourquoi? Peut-être tout simplement parce que Coco dessine comme elle respire. Son trait transpire la sincérité, l’authenticité. Il fait rire et pleurer. Son mentor fut Cabu. Rien d’étonnant à ce qu’il soit parvenu à faire émerger tout le talent de Coco. La vie continue. Mais pour cela, Coco veut et doit encore dessiner, dessiner encore.