Olivier Grenson : « Niklos Koda, le magicien va sortir de scène »
Olivier Grenson dessine Niklos Koda sur un scénario de Jean Dufaux depuis 1999. Dans le quatorzième tome
22 juin 2016
-Interview
Éditeur : Le Lombard
Scénario : Sylvie RogeDessin : Olivier Grenson
Genres : Roman Graphique
Prix : 22.50€
Scénario
4.5Dessin
5.0Une jeune femme, en apparence calme et sans histoire, vient d'être arrêtée pour meurtre. Pour son mari, c'est la stupéfaction. Par l'entremise de l'avocat choisi pour la défendre, elle nous livre peu à peu l'histoire de sa vie. C'est l'histoire deux soeurs jumelles, d'un père absent et d'une mère abusive. C'est l'histoire d'un terrible secret de famille... Et celle d'une tragédie annoncée.
Le soir de Noël, un crime bouleversant a lieu. En garde à vue, nous retournons dans le passé de l’accusée pour comprendre son histoire et son traumatisme. La Fée assassine, une BD captivante, où l’amour de deux sœurs se retrouve confronté à la frustration, la souffrance et la haine.
À travers l’écoute de l’avocat, nous plongeons dans l’histoire personnelle de Fanny. Elle témoigne de son enfance: la relation fusionnelle avec sa sœur jumelle Tania, les inoubliables vacances d’été avec son oncle et sa femme Pauli, mais surtout, le fardeau d’une mère dépressive et mesquine. Le souvenir d’une image cauchemardesque associe sa mère à l’épouvantable sorcière de Blanche Neige et Les Sept Nains.
Comparée aux terribles méchantes Disney, nous découvrons donc une femme obstinée à détruire ceux qu’elles jalousent. À l’âge adulte, ces images continuent toujours d’hanter l’esprit de Fanny, qui se contente d’accumuler un grand ressentiment. À travers un flash-back dans la vie des deux sœurs, le récit nous dévoile crescendo l’enfer que cette mère a fait vivre à ses filles, pour nous mener finalement à cette chute, inattendue et pourtant inéluctable, un soir de noël.
Quelle mère peut bien vouloir hanter l’existence de ses filles? L’intrigue peut paraître absurde, voire digne d’un conte. C’est là que Sylvie Roge, auteur de La Fée Assassine, réussit à contourner cet écueil. La BD porte l’accent sur les causes psychologiques pouvant concourir à l’acte criminel. Toute notre incompréhension vis-à-vis de cette mère aigrie, de toutes ces années de non-dits oppressants, repose en réalité sur un douloureux secret familial.
Le style du graphisme, aux traits fluides et délicats, recrée justement ce voile du silence, cette incommunicabilité mère-fille. Les couleurs des dessins, tirant sur les gris et les beiges, évoquent en particulier la brume ou le filtre recouvrant entièrement la vie de Fanny. Seules quelques notes de rouge rappelant son lien de complicité fort et unique avec Tania permettent de soutenir la force de l’intrigue. Il suffit de prêter attention au rouge de la pomme empoisonnée et des champignons vénéneux, présents dans ses cauchemars. Ainsi, en ne perdant jamais de vue que l’histoire racontée mène au crime, ce rouge disséminé est aussi un indice du sang qui finira par être versé.