Mitterrand, ministre en vue dans les années 50 - guerre froide et décolonisation... -, survit à trois affaires qui auraient dû signer sa perte : l'affaire des Fuites, 1954, l'affaire du bazooka, 1957, l'affaire de l'Observatoire, 1959, où il échappe à un attentat rocambolesque... Patrick Rotman et Jeanne Puchol reconstituent avec verve les coulisses occultées dans les livres d'Histoire.
Mitterrand et ses ombres
Éditeur : Delcourt
Scénario : Patrick RotmanDessin : Jeanne Puchol
Collection : Hors collection
Genres : Historique
Prix : 17.95€
- ZOO4.0
Scénario
4.0Dessin
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Le synopsis de l'album Mitterrand et ses ombres
La critique ZOO sur l'album Mitterrand et ses ombres
Mitterrand donne sa propre version de trois affaires auxquelles il a été mêlé dans les années 50. Il nous manipule évidemment, mais avec brio, nous rappelant 40 ans après son élection en 1981 le singulier animal politique qu’il était.
Une jeune journaliste au faux-airs d’Anne Sinclair interviewe François Mitterrand au soir de sa vie, pendant qu’il pose tel un sphinx pour un sculpteur. Le chef d’Etat sculpte sa vie de ses mots, donnant sa version de trois affaires auxquelles il a été mêlé : en 1954, les fuites de propos tenus dans le Comité de défense nationale, traitant des choix politiques français sur la guerre d’Indochine; en 1956, l’affaire du bazooka, tentative d’assassinat du général Salan, commandant en chef de l’autorité d’Algérie; enfin le supposé attentat de l’Observatoire dont Mitterrand aurait été la cible.
Patrick Rotman nous captive en traitant comme un polar les dessous de la politique française au temps de la 4ème République. L’essentiel de l’action se passe à Paris, dans les salons de l’Elysée et des ministères, ou dans les restaurants chics fréquentés par les politiques. La construction du récit de Rotman est habile et peu importe si la vision donnée ici est spéculative ou partielle. L’avocat Mitterrand, le visage parcheminé par l’âge et la maladie, prend la défense de l’accusé Mitterrand, alors plein de sève (on aperçoit les chambres à coucher de différentes maîtresses). Mais le lecteur n’est pas dupe.
Le dessin de Jeanne Puchol, dans les teintes grisées, dépeint avec bonheur cette ambiance de manipulations. Dans les séquences au présent, en 1994, elle dessine un Mitterrand raide, hiératique dans son fauteuil pour le sculpteur, symbolisant ainsi parfaitement le trône qu’il s’est voulu pour entrer dans l’Histoire. Et lors des longs flash-backs dans les années 50, la dessinatrice évoque avec talent aussi bien les figures (son Mendès-France est particulièrement réussi) que le Paris de l’époque.
Finalement, peu importe où est le vrai. L’essentiel est la description des arcanes du pouvoir, dans lesquels Mitterrand se faufile comme une anguille. Et cela ne sent pas la rose.