Avec l’adaptation de Quelqu’un à qui parler, roman de Cyril Massarotto, Grégory Panaccione livre une nouvelle preuve de son extraordinaire talent de conteur.
Samuel vient d’avoir 35 ans et sa vie est un échec à de nombreux niveaux. Un soir de solitude et de beuverie, celui-ci décroche son téléphone et appelle un ancien numéro. À l’autre bout du fil, un jeune garçon de 10 ans qu’il n’identifie pas lui répond. Mais il ne s’agit pas d’une simple erreur. Cet enfant avec qui il démarre une longue conversation se trouve être… lui-même, enfin la version de lui-même, d’il y a 25 ans. Un dialogue inter-époques va alors commencer entre les deux Samuel amenant celui du présent à une grande introspection et par là, à de nombreux changements dans sa vie.
Samuel parle à lui petit © Le Lombard
Une adaptation des plus réussies
D’un entraînant récit sur l’enfant intérieur, les désillusions de l’âge adulte, et sur la manière de composer entre réalité et rêves, Grégory Panaccione tire un roman graphique formidablement vivant. On retrouve ici tout le talent de l’auteur qui met à contribution son expérience dans l’animation pour faire vivre les personnages. Chacun d’entre eux possède ses traits, son allure, ses mouvements, ses expressions.
La gestuelle sert à merveille la partie comédie du récit, c’est parfois burlesque, toujours d’une grande fluidité et poétique quand il le faut. Dans tous les cas, le dessin vient sublimer l’intrigue romanesque. Si l’on ajoute à cela la fluidité remarquable de l’ensemble, de vraies trouvailles visuelles dans la représentation des dialogues et de nombreuses pleines pages à contempler, l’apport du dessinateur est indéniable. Le récit initial proposait un beau numéro de funambule entre figures imposées et jolies trouvailles, cette adaptation y apporte un peu plus de caractère.
Samuel broie du noir malgré les apparences © Le Lombard
On suit dès lors les deux Samuel avec plaisir. Et on en vient à se poser les mêmes questions qu’eux. Si vous deviez reparler avec votre vous-enfant, serait-il fier de vous ? Trouverait-il que votre vie est réussie ou que vous avez abandonné tous vos rêves ?
Un peu de philosophie, beaucoup d’humour, de poésie et de bonne humeur, ne ratez pas cet album.
Article publié dans le Mag ZOO N°82 Juillet-Août 2021