Installé à New York, un groupe hétéroclite d’enquêteurs s’ingénie à extraire du passé tous les secrets des disparitions survenues lors de grands conflits. Voici l’Agence des invisibles que nous présentent à partir du 16 septembre Marc Levy, Sylvain Runberg et Espé.
C’était la guerre, n’importe quelle guerre contemporaine, et pour des raisons demeurées inconnues, ils ne sont jamais rentrés.Plus cruelle que l’annonce d’un décès, une disparition préserve un espoir généralement vain. Il censure toute conclusion et interdit le deuil. C’est sur cet indéniable constat inspiré de sa propre histoire familiale que Marc Levy imagine une série policière initialement destinée à la télévision, mais qu’il réserve finalement à un médium qu’il considère comme plus riche et plus ouvert : la bande dessinée.
Enquête 1
Cette enquête nous plonge en 1941, en plein blitz, lorsqu’un bombardier de la Luftwaffe s’évapore non loin d’un village du Devon en Angleterre. Plus de 70 ans plus tard, la fille du pilote allemand de ce Heinkel 111 souhaite qu’enfin la lumière soit faite sur cette disparition. C’est donc tout naturellement qu’elle missionne l’Agence des invisibles...
Avec Sylvain Runberg, Marc Levy modélise un contexte, une agence internationale de détectives, et développe dès le premier épisode un ensemble impressionnant de personnages aux profils singuliers. C’est Espé, déjà dessinateur de l’adaptation BD de son roman Sept jours pour une éternité, qui met en images le scénario original d’une série se présentant comme ces feuilletons des années 80/90 dans lesquels chaque chapitre raconte une histoire complète tandis qu’en arrière-plan se construit un contexte beaucoup plus étendu.
Les enquêteurs sont installés à New-York © Philéas 2021, LevyRunbergEspé
Un trio d'auteurs de talent
Au-delà de la réjouissante dimension traditionnelle de cette pure création franco-belge, le trio d’auteurs ajuste avec talent une narration dramatique circonstancielle servie par un découpage dynamique et efficace. Il en résulte une œuvre résolument moderne, un roman policier graphique comme on les aime. Et pour ne rien gâcher, le thème central de la série nous oblige à nous interroger sur l’importance du passé, l’importance de notre mémoire, mais également l’importance des mythes familiaux qui se construisent sur des secrets bien gardés. Comme aime à le souligner Marc Levy, le temps déforme parfois ces histoires et dès lors «un héros peut devenir un salaud et un salaud peut se transformer en héros »
Article publié dans le Mag ZOO N°83 Septembre-Octobre 2021