Peut-être rêviez-vous, enfant, d’être le prince Actarus, pilotant Goldorak, brandissant votre fulguro-poing. Dans la cour, vous deveniez alors le héros, affrontant les cruelles armées de Vega et leurs monstrueux Golgoths. Vous découvriez soudain, ébahis, les dessins animés japonais !
En l’espace de 75 épisodes, diffusés entre 1975 et 1977 au Japon (et en juillet 78 en France), Goldorak, de son vrai nom Grendizer, va marquer définitivement plusieurs générations de spectateurs, fascinées par le rythme des combats et le ton résolument plus adulte des histoires qui mettaient en scène des envahisseurs détruisaient allègrement des villes entières, semant le chaos et la mort, à l’image des films de Kaiju. Il n’était désormais plus question de récits gentillets à la Disney ou Hanna et Barbera. Le ton était plus dur… Néanmoins, il y était aussi question d’amitié, de valeurs familiales, d’entraide et de tout ce qui pouvait amener le héros et ses proches à s’élever contre l’adversité. Le jeune spectateur pouvait ainsi s’identifier à ces personnages, ce robot format XXL et devenir lui aussi le défenseur de ses frêles camarades, dans la cour de récré !
Le phénomène va rapidement prendre de l’ampleur, les produits dérivés se multiplient, on s’arrache les figurines, on tente de dessiner l’intérieur de Goldorak, on se réapproprie la dialectique de la série avec tous ces noms complètement improbables, tandis que chez les adultes, les débats s’animent autour de la violence qui caractérise ces séries, comme Albator ou Cobra… Les camps se divisent.
Et si les années passent, que d’autres dessins animés viennent prendre la relève, Goldorak reste l’icône ultime que l’on garde en mémoire, un cri de ralliement entre fans irréductibles. On se souvient tous de ce formidable robot des temps nouveaux qui traverse tout l'univers, aussi vite que la lumière… Qui est-il ? D'où vient-il ?

Goldorak
© Kana, éditions 2021
Pourtant, l’aventure n’est pas réellement terminée. En 2016, Xavier Dorison tente le tout pour le tout et contacte Go Nagai, le créateur de Goldorak, en lui demandant l’autorisation d’utiliser ses personnages pour une ultime péripétie. Il reçoit l’accord de principe et il ne tarde pas à recruter ses amis Denis Bajram, Brice Cossu, Alexis Sentenac et le coloriste Yoann Guillo pour former une sorte de studio virtuel qui va s’échiner, pendant cinq ans à construire cet incroyable album, multipliant les échanges avec les japonais.
Le postulat de base est simple, dans le dernier épisode, Actarus et sa sœur Phénicia repartaient pour leur planète Euphor, après s’être débarrassés de leurs ennemis de Vega. Cependant, ces derniers sont de retour, ainsi que les Euphoriens… On devine très vite que les héros vont rameuter leurs amis terriens, Alcor, Vénusia, Rigel et le professeur Procyon, que Goldorak va reprendre du service et que nous allons avoir droit à d’épiques combats contre des Golgoths géants.

Goldorak
© Kana, éditions 2021
Mais le scénario de Dorison et Bajram ne se contente pas de ça, il restitue très adroitement le souffle de la série en privilégiant les diverses caractérisations et le charme de cet univers qui nous a fasciné gamin ! On sert les poings en attendant le tonitruant « Métamorphose », on guette le moment ou le robot va brandir son Astero-hache et réduire son adversaire en bouilli… L’espace de ces 160 pages nous redevenons ces jeunes fans, blottis dans leur canapé, l’œil rivé sur la télé.
Alors, cet album sonne peut-être comme un champ du cygne pour Actarus et les autres, mais il faut avouer que la démonstration est impressionnante, un brillant hommage qui se dévore d’une traite, sans modération !
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