Pour son premier roman graphique Jim Bishop frappe fort. Avec Lettres perdues, l'auteur déstabilise son lecteur, l'embarquant sans préavis dans un drame initiatique terrible au cœur d'un monde fantasque et inquiétant contrebalancé par des illustrations acidulées.
Comme tous les matins, Iode, un jeune habitant de l'île du Soleil attend impatiemment une lettre de sa mère qui n'arrive pas. Déterminé à résoudre le mystère de ce courrier fantôme, le garçon prend sa voiture et décide de partir à la poste du village. Sur le chemin il fera la rencontre de Frangine, une jeune femme au caractère bien trempé, qui embarquera Iode, bien malgré lui, dans une aventure surprenante et dramatique qui le fera grandir.
Naviguant entre humour et nostalgie, Jim Bishop nous entraine dans une quête absurde dans un monde plus qu'étrange où les poissons côtoient les humains, où la mafia hychtienne règne en maître et où les policiers oscillent entre corruption et incompétence. La quête de cette lettre perdue mènera le jeune garçon à perdre sa candeur, à grandir et à accepter sa réalité. Lettres perdues est un drame qui nous questionne sur la vie, sur les apparences et tous les voiles que l'on se pose devant les yeux pour ne pas voir la réalité en face. Mais ce roman graphique est aussi une magnifique histoire d'amitié sur fond de passage à l'âge adulte.
Les très belles illustrations, acidulées, pops, et toutes en rondeurs, contrebalancent le côté dramatique du récit rendant la lecture encore plus déstabilisante.
Lettres perdues, est de ces œuvres fortes, tristes et profondes, qui imprègnent le lecteur et le perturbent bien après la dernière page. Une vraie réussite.
0

0