Un thriller nerveux, alliant crimes et recherche scientifique dévoyée, faisant froid dans le dos, un peu à l’image des thrillers médicaux de Robin Cook. Mais Lucie Hennebelle n’est pas une flic du genre à abandonner la piste...
Les adaptations de romans en BD se multiplient ces dernières années, mais quand c’est fait intelligemment, on ne s’en plaint pas. Ici, c’est Gataca, un thriller de Franck Thilliez qu’ont choisi Laurent Runberg et Luc Brahy, après avoir adapté un autre livre de cet écrivain : Syndrome [E].
Eva Louts, doctorante en biologie, est assassinée. Un prisonnier se suicide avec une violence désespérée. Le corps d’un homme de Cro-Magnon meurtrier de deux Néanderthaliens découvert récemment dans une grotte a été « kidnappé ». Les points communs entre ces trois affaires ? Eva Louts avait rendu visite à ce prisonnier et à cette grotte. Et dans les deux cas, des dessins faits à l’envers ont été retrouvés sur place. La thèse de la doctorante portait sur les raisons pour lesquelles on devient droitier ou gauche. Pas un thème dangereux, en apparence. Mais il y a eu crime et deux policiers, Sharko (schizo, mais il se soigne) et Lucie Henebelle sont sur l’enquête. Lucie prend les choses particulièrement à cœur car le prisonnier mort est l’assassin de ses jumelles.
Le scénariste a su tirer la pulpe du roman pour en faire une BD nerveuse
© Philéas, éditions 2021
Laurent Runberg nous livre une histoire tortueuse et prenante qui va emmener l’enquête dans l’univers de la recherche scientifique, quand elle cède au côté obscur de la Force. Et l’on va croiser de nouveaux cadavres tout au long de la centaine de pages du récit. C’est bien ficelé. Le scénariste a su tirer la pulpe du roman pour en faire une BD nerveuse, qu’on ne lâche pas avant la dernière page.
Le dessin de Luc Brahy est en phase avec cet univers : les personnages ont l’air à cran, le visage crispé. Les décors sont souvent gris, que l’action se passe dans des appartements à la morne décoration ou à l’extérieur, sous un ciel nuageux. On n’est pas à la fête. Même dans la séquence se passant dans la forêt amazonienne. C’est la nature, mais elle paraît ici bien oppressante...
Et tout cela en vaut la peine, le dénouement apportant son lot de surprises.