Cet impressionnant carnet de voyages et de pensées est une irrésistible invitation à (re)découvrir la richesse de l’univers pictural et intérieur de Cosey. A la rencontre de différents pays et de toutes leurs composantes. Un régal.
Ce copieux carnet de voyages, ou ce copieux livre d’art, devrais-je dire, nous permet de nous immerger dans les périples et les pensées de Bernard Cosey, au fil de ces dernières décennies. L’auteur suisse nous fait nous évader depuis plus de 45 ans au travers des aventures de Jonathan, sur les pentes de l’Himalaya et ailleurs, ainsi que dans ses autres BD. Cependant, Cosey ne voyage pas que via ses planches à dessin, il a réellement crapahuté dans pas mal de pays, et a ponctué ses séjours de nombreux croquis, souvent aquarellés (Aaah ! Ses couleurs...). Le Tibet bien sûr, mais aussi le Japon, les Cyclades, les Alpes suisses, la Birmanie, la Chine, l’Inde.... Chaque pays nous enchante ainsi le temps d’un voyage immobile.
A l'heure où les dieux dorment encore
© Maghen, éditions 2021
Organisées par chapitres consacrés à l’une ou l’autre de ses destinations, et mises en avant avec talent par la maquette de Vincent Odin, ces quelque 300 pages nous permettent d’accompagner Cosey dans ses rencontres marquantes, même si souvent éphémères, et dans ses découvertes : paysages, animaux, œuvres d’art, éléments d’architecture ou de mobilier humain, objets du quotidien, plats et boissons, rien n’échappe à l’œil de l’artiste. La beauté picturale de son dessin, y compris dans ses croquis les plus rapides, saute aux yeux de l’observateur le moins attentif. L’amateur éclairé reviendra d’autant plus encore et encore sur chaque page avec délice. Le connaisseur de l’œuvre comprendra enfin d’où vient tel élément d’un album.
Cerise sur le gâteau, Cosey s’est véritablement pris au jeu lors de la préparation de cet ouvrage. Il a annoté manuellement de sa jolie écriture graphique une grande partie des pages, pour contextualiser un dessin, conter une anecdote, partager une pensée. Nous entrons ainsi doublement dans son univers. Et nous le goûtons par petites gorgées, comme autant de plaisirs pas si minuscules que ça.