Les nains de jardin

Ils sont petits, souriants et peu loquaces… mais que font-ils lorsqu’on a le dos tourné ? A priori, les nains de jardin n’ont aucune raison d’avoir une activité plus stimulante que de pousser leurs petites brouettes dans votre jardin. L’imagination de Mazan va nous prouver le contraire…

Que faisait Mazan avant de travailler sur les séries Donjon et Mimo ? Il dessinait les aventures saugrenues d’un nain de jardin. Pour la petite histoire, cette série de strips est née d’un challenge entre camarades en 1994 : l’auteur aurait eu un mois pour faire un maximum de gag sur le sujet. Une première publication en 1996 en amenant d’autres (enrichissant la série de quelques gags au passage), la suite de strips se retrouve désormais chez Eidola Editions avec une coloration de Thomas Lavaud (aka Pepitom) effectuée pendant le confinement de 2020.

Cependant, si le défi d’origine consistait à récompenser la quantité de gag… qu’en est-il de la qualité ?

Les nains de jardin
© Eidola éditions, 2022

Autant le dire tout de suite, le format strip est un genre intéressant mais limitant. Si une blague sur un sujet en 3 cases est faisable une fois ou deux… que tire-t-on au bout de la 60ème itération ? Un peu de lassitude peut-être… c’est là le risque de l’exercice. Mazan ne manque pourtant pas d'idées (certaines vont vraiment loin) et ose parfois de fulgurantes rencontres. Mais ça ne suffit pas pour faire de l’humour efficace tout du long.

Pourtant, le dessin et le cadrage sont agréables à admirer et disséquer : le gazon vert bien coupé, le ciel bleu, le nain, sa brouette, la maison et même le petit arbre au tronc penché… le cadrage a un je-ne-sais quoi de plaisant à être contemplé et l’harmonie des couleurs de Pepitom n’y est pas pour rien. En plus d’être un joli plan initial, la première image (reproduite en première de couverture) offre un champ de possibilité très ouvert : le gag peut venir du ciel, de la maison ou des airs… où même du Nain ! Parfois, le lecteur devra faire preuve d’un certain sens du détail pour déceler l’idée du gag… comme un jeu des sept erreurs à effectuer entre deux dessins.

Mais la redite visuelle n’est pas anodine à la lassitude que peut susciter l’album et risque de faire soupirer le lecteur friand de variété. Encore une fois, Mazan avait en tête la quantité plutôt que la qualité du gag… la redondance du dessin l’illustre.

Bref, si ce petit palmarès de gag peut faire sourire, il ne vaut très certainement pas la peine d’être acheté au prix indiqué sur la quatrième de couverture. C’est au mieux une bonne petite distraction dans une salle d’attente.