A travers l’histoire d’un garçon singulier, physiquement et intellectuellement, cette BD, fruit de sept années de travail, touche des thèmes très actuels.
Bastien est un jeune homme un peu à part, toujours assoiffé de connaissance, toujours à poser des questions. Dans un monde moyenâgeux, où la science et la curiosité peuvent conduire au bûcher, où le curé veille strictement au respect des dogmes, il demeure tiraillé entre son envie d’étudier très loin, là où les esprits sont éclairés, et sa loyauté envers son père adoptif. Seule Sidonie, la sourcière que les villageois suspectent d’être sorcière, le comprend et même l’aime.
Poisson à pattes
© Pow Pow, éditions 2022
Fable sur la tolérance envers les différences et sur la méfiance envers le savoir, ce récit tranche d’abord par son pessimisme cruel. Il nous montre la face sombre des êtres humains. Si cette histoire se déroule à l’époque médiévale, de nos jours l’intolérance a-t-elle pour autant reculé ? Les haines ne réapparaissent-elles pas finalement à chaque fois que les hommes se retrouvent confrontés aux différences et aux limites de leur compréhension ? Un sujet d’actualité en ces temps de virus et de remise en cause des sciences mais aussi en cette période politique intense et agitée.
Il faut lire Poisson à pattes ! D’abord parce que le scénario résonne très étonnamment avec les évènements de notre époque. Cette BD devient une source de réflexion. En outre, les dessins sont géniaux de drôlerie et de tendresse. Ils prennent l’exact contre-pied de l’histoire, finalement dure - bien que racontée avec humour - et un peu triste tant elle doit nous désespérer sur la bêtise de nos congénères.
L’auteur Blonk nous offre d’ailleurs une fin insoupçonnée qui explique aussi peut-être ce titre mystérieux: n’est-ce pas le poisson à pattes, différent au sein de son espèce, qui au final a évolué en créature humaine ?
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