Peaux cuivrées, d’or et d’ébène… Sybille Titeux de la Croix et Amazing Ameziane nous laissent un goût de fer sur la langue avec D’onyx et de bronze – Histoire des zoos humains. Il y est question de perte de liberté et d’humanité. Mais de perte d’humanité, il n’y a que celle des monstres qui ont emprisonné la différence au nom d’une pseudo science, d’un divertissement pervers ou d’une curiosité macabre…
Des êtres humains traités comme des animaux, enfermés dans des enclos, photographiés comme des trophées… Dystopie cauchemardesque ? Non, bien pire : pan entier de l’Histoire de l’Humanité. D’onyx et de bronze – Histoire des zoos humains nous emporte, ballotés, de 1857 à 1941, dans la violence du racisme des XIX et XXème siècles. L’œuvre est aussi belle que tragique et nécessaire.
Sybille Titeux de la Croix et Amazing Ameziane avaient déjà collaboré avec brio sur l’excellent Muhammad Ali aux éditions Le Lombard. Les voilà de retour, aux éditions du Rocher, pour raconter à travers cinq histoires courtes beaucoup de notre Histoire. Avec ces cinq portraits, ce sont cinq éclairages blafards sur des parts sombres de notre passé trop peu – jamais – abordées dans les manuels scolaires. Car si l’existence de zoos humains au Jardin d’Acclimatation à Paris est parfois timidement rappelée, celle d’expéditions en Afrique à la recherche d’un chaînon manquant entre l’homme et l’animal (les Niams-Niams) ne l’est pas.
De l’Afrique en 1857 à Paris en 1900, en passant par la Pologne en 1941, le racisme moderne prend des formes multiples, brise de nombreuses vies, mettant les chairs à nu sous des objectifs, des microscopes, des regards cruels…
Le scénario de Sybille Titeux de la Croix est parfaitement maîtrisé, alternant les points de vue des personnages, tour à tour victimes, bourreaux et témoins. Les épisodes historiques choisis ont été le sujet de nombreuses recherches de la part des auteurs capables de véritables sauts dans le temps et les sociétés.
Comme toujours chez Amazing Améziane, les planches sont magnifiquement découpées : osant des perspectives dignes d’un théâtre de papier, mais aussi des plans dynamiques, plus nerveux que bien des films d’action. Le jeu sur les aplats de noir et blanc, la diversité des physionomies, des décors et textures soulignent toute l’étendue du talent d’Améziane.
D’onyx et de bronze – Histoire des zoos humains doit figurer dans toutes les bibliothèques, pour la beauté du trait et la force des mots. Mais aussi et surtout pour l’importance du témoignage, à graver dans le marbre, l’onyx et le bronze.
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