La fuite d’un groupe de damnés dans des contrées saisissantes d’horreur, celles des Enfers. L’occasion pour Tony Sandoval de déployer tout son talent pour faire vivre graphiquement le sombre récit de Stephen Desberg.
Stephen Desberg propose un scénario sur une thématique qu’il avait déjà abordée au début de sa carrière avec l’excellent Marc Hardy dans la série Arkel, destinée aux lecteurs du journal de Spirou. Mais Arkel, basé sur l’opposition entre Paradis et Enfer, était teinté d’humour. Ici, point de sourires ni de Paradis. L’Enfer que nous décrit Volage Chronique des Enfers est sacrément désespérant.
Nous en savons peu sur Mc Giles, le héros au visage juvénile, si ce n’est que ce qu’il a fait de sa vie mérite qu’il se retrouve en Enfer avec les pires criminels de l’humanité, dont quelques célébrités tels Jack L’Eventreur ou Locuste, l’empoisonneuse de l’Antiquité. Le sort qui leur est promis est donc le pire que ce qu’un damné peut avoir. Ce petit groupe va tenter de s’échapper. Quitter les Enfers semble peu probable, mais ils espèrent au moins se faire oublier dans les vastes étendues désolées des Enfers. Ils sont poursuivis par l’impitoyable Equarrisseur et ses chiens. Dans leur fuite, nos anti-héros découvriront tout un monde (sinistre), avec ses habitants, ses villes, ses paysages, ses animaux. Et ils croiseront le destin de la belle Volage, un ange déchu dont pourrait peut-être venir l’ultime espoir.
Volage, Chronique des Enfers
© Daniel Maghen, éditions 2022
Le dessin de Tony Sandoval sert parfaitement le récit. Ses créatures fantastiques semblent sorties de nos pires cauchemars... ou de tableaux de Jérôme Bosch. Ses paysages inhumains font froid dans le dos comme il se doit. Le dessinateur s’est pleinement impliqué dans ce récit dont pour une fois il n’est pas scénariste. De la belle ouvrage.
Que veut nous enseigner cette histoire ? Que l’espoir est la seule attitude à avoir, même quand il y en n’a plus ? Qu’il faut agir, même si tout semble désespéré ? En tout cas, nous nous laissons embarquer dans cet univers peu réjouissant, mais transcendé par de nombreux moments de grâce graphique. Et mis en valeur dans un beau livre édité par Daniel Maghen.