Ce n'est pas la première fois que le scénariste brestois Kris et le dessinateur lorrain Vincent Bailly nous parlent de l'Irlande qui leur est chère. Après les magnifiques Coupures irlandaises, les voici de retour dans une trilogie sur une histoire d'amour verte comme le trèfle et les landes du Connemara. Le premier volet de Partitions irlandaises en dit long sur cette symphonie naissante des âmes et des corps.
Elle s'appelle Mary, elle est jeune, belle, Irlandaise, catholique et fille de Patrick Pearse, ancien activiste de l'Ira. Serveuse dans un bar de Belfast, elle rencontre un jour Tim. Il est jeune, beau, Irlandais et protestant repenti depuis la chute de son père Frankie Brown, héros de la lutte unioniste. Ils tombent amoureux. Elle le présente à sa famille. Mais leurs passés les rattrapent.
Le scénariste brestois Kris et le dessinateur lorrain Vincent Bailly n'en sont pas à leur coup d'essai pour parler de l'Irlande. Dans les sublimes Coupures irlandaises, déjà, les deux auteurs nous entraînaient sur les traces de ce pays au passé compliqué et à la paix malheureusement trop souvent utopique. Ils n'ont en pas terminé avec ce sujet inépuisable : l'Irlande parviendra-t-elle, un jour, à devenir une et indivisible. Se libèrera-t-elle du joug écrasant de la couronne royale anglaise pour voler de ses propres ailes ? Ce pays d'une richesse culturelle, historique et sociale inestimable à tant à apporter au monde.
Partitions irlandaises - premier couplet
© Futuropolis, 2022
Ce premier couplet de Partitions irlandaises est une réussite absolue. Tous les ingrédients d'une BD qui fait mouche y sont réunis, comme si Kris et Vincent Bailly les avaient longuement fait mijoter dans un irish stew, le fameux ragoût qu'affectionne les Irlandais. Mary et Tim, malgré les cicatrices de leurs passés respectifs, donnent envie de croire en un autre avenir pour leur pays : moins de sang, plus de solidarité. Et une envie de construire commune. Malgré cet élan, on ressent à chaque case, à chaque coin de case, dans chaque réplique, une violence latente qui ne demande pas grand chose pour s'exprimer. C'est aussi ça, l'Irlande.
Vincent Bailly signe le dessin d'une BD dont il a le secret : un coup de crayon authentique et inachevé qui va chercher des techniques du côté de la peinture. Le résultat, c'est un trait plein de perfection dans l'imperfection. Diablement humain, à l'image des personnes, de l'intrigue et de ce pays aussi attachant que tourmenté.
On se prend déjà à siffler l'introduction des deux prochains couplets d'une série qui s'annonce déjà comme magistrale.