Lors d’une escale en Thaïlande, une famille rencontre Robert, un vieux routard. L’histoire qu’il va leur raconter sur un couple assoiffé de liberté à bord de son voilier, Vent debout, va leur glacer le sang. Il y a de quoi. Une BD de grande profondeur, aussi solide que tragique, portée par un dessin empreint de naturel et sans détours.
Mais qu’arrive-t-il à Robert, ce vieux routard, anéanti devant son café au petit matin en Thaïlande ? Il vient d’apprendre l’assassinat par l’État islamique d’un couple de connaissances, déjà attaqués par des pirates qui avaient contraint les autorités françaises à payer une rançon pour les libérer. Cette fois-ci, pas de monnaie d’échange. Seule la mort pour clore le destin d’un homme et d’une femme, profondément amoureux et aventuriers.
C’est l’histoire que raconte Robert à Grégory, Nicole et leur famille, qui font escale durant leur tour de l’Asie du Sud-Est. Le scénario au cordeau de Grégory Jarry et Nicolas Augereau classe cette bande dessinée dans celles, pas si fréquentes, qu’on dévore d’une traite. Presque sans respirer, comme en apnée dans les eaux où naviguent les héros de l’aventure. C’est diablement réaliste, drôlement bien amené. Sur un plateau, pour ainsi dire, tant la narration est fluide et régulière comme une houle bien formée.

Vent debout
© Delcourt, 2022
Côté dessin, Lucie Castel tire largement son épingle du jeu. Ses personnages aux traits naturels, ses décors sans chichis et sa qualité à croquer la mer sous ses meilleurs aspects comme sous les plus catastrophiques soutiennent avec solidité un récit de très belle facture. L’ensemble éclôt sur ces œuvres que vous refermez à peine ouvertes tant la densité de l’histoire et du dessin sont épatants.
Vent debout, c’est le nom de ce voilier au tragique destin. Après la première attaque par des pirates, à aucun moment, avant les dernières planches, on ne peut soupçonner que le vrai drame reste à venir. Et pourtant. C’est là toute la force de cet excellent one-shot. Une vraie fiction, inspirée d’une histoire vraie.
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