Le 30 mars 1939, dans le Detective Comics 27, paraît la première histoire de Batman. Seul Bob Kane est crédité, alors que l’histoire est en réalité écrite par Bill Finger, le co-créateur du personnage !
Après un remarquable album consacré à Joe Shuster, Julian Voloj se penche cette fois sur la vie de Bill Finger, le génial scénariste qui créa toutes les bases du mythe Batman, mais qui n’eut jamais vraiment la reconnaissance qu’il méritait. Quand on s’intéresse à toutes ces histoires de droits qui peuvent entourer ces multiples personnages appartenant aux gros éditeurs, on découvre vite une ribambelle d’auteurs qui ont été écartés du succès de leurs créations. Et l’exploitation de la franchise Batman a drainé un grand nombre de travailleurs de l’ombre, occultés par l’étendard Bob Kane.

Bill Finger, dans l'ombre d'un mythe
© Urban Comics, 2022
Cet album explore donc, sur les pas du narrateur Marc Nobleman, la piste de Bill Finger, remontant le temps à sa recherche, rencontrant sa famille, quelques amis, réalisant des interviews, collectant témoignages et photos. Un brillant hommage qui s’emploie à réhabiliter l’image d’un artiste trop longtemps relégué en coulisses.
Le récit est passionnant et plein de rebondissements. On dévore ces planches comme un bon documentaire qui révèle une destinée aussi émouvante que tragique, le reflet d’un milieu où se croisent gloire et précarité. De son côté, le dessin d’Erez Zadok est absolument magnifique d’expressivité avec un trait souple et des couleurs chaudes sublimes : on tombe sous le charme.
Mais bien au-delà du bel ouvrage, cet album dévoile un des fantômes cachés d’une industrie florissante et si secrète.